Y a-t-il une place pour la Culture ?
«<I>Le manque d’infrastructures à l’université limite le savoir de l’étudiant, l’homme de demain</I>»
«La culture comporte un élément affectif qui ne peut s´inscrire dans aucun programme et n´est justifiable d´aucun examen...que l´université quitte donc ce souci» parce que «la culture a plus besoin de bibliothèques que de pédagogues, de musées et de concerts que de conférences» Ces fortes paroles d´Emmanuel Berl font réfléchir.
Effectivement, l´universitaire est un monde vaste, où l´étudiant est mis en présence de centaines de personnes. Ces dernières qui ne sont ni de sa famille, ni de ses amis, influencent fortement sa formation et son futur. Seul au départ, il devra faire face à cette micro- société et apprendre à vivre en communauté.
Pour la réussite de son intégration l´universitaire a besoin, «normalement» de connaître les endroits stratégiques de sa fac, là il serait intéressant de comparer l´attitude d´un étudiant européen avec celle d´un algérien. L´étudiant européen ou étranger chercherait de la manière la plus élémentaire les centres d´intérêt commun entre les jeunes, c´est -à- dire les terrains de sport, les centres d´informatique. Comme il pourra rejoindre une association culturelle par une inscription dans l´orchestre de l´université ou alors dans les troupes de théâtre ou de tout groupe convivial qui lui donnent l´occasion de s´extérioriser. Bref, il ira là où il trouvera du mouvement, de l´ambiance et de l´action. Autrement dit le vaste univers de la culture. Une culture qui restera une école du vécu, une école de la vie.
Dans les faits, il faut bien noter que, d´une manière générale, l´étudiant algérien a un comportement à tout le moins figé loin de ce qui pouvait être attendu d´un jeune qui fait ses premiers pas d´adulte. Ce jeune qui entre dans un monde nouveau, celui de l´université, ou il doit conquérir ses diplômes, semble néanmoins quelque part déphasé manquant de dynamisme et ne montrant aucun intérêt pour l´activité qui est un complément indispensable à son cursus universitaire, l´activité culturelle. Disons-le net : l´université algérienne est totalement fermée à ce plus qui forme les adolescents à leur vie d´adulte l´activité sous toutes ses formes, notamment culturelle. Or, on remarque qu´il n´existe pas de cours de théâtre, ni de chant, ni d´expositions concourrant à valoriser l´art sous ses aspects théâtral, pictural ou musical. A contrario, on observe une certaine paralysie de l´espace universitaire où l´étudiant donne l´impression de n´être pas intéressé à améliorer son «bagage» intellectuel hors de ses cours. Allant en ce sens Hanane, étudiante à l´ILE (Institut de langues étrangères) s´indigne: «les étudiants de l´ILE, en dehors de leurs cours, ne font rien que de s´installer au bloc «B», (le territoire des étudiants les plus branchés), pour discuter, jouer aux cartes, ou alors au volley-ball». Elle ajoute «nous n´avons aucune vie culturelle en complément à nos études».Karim, étudiant en médecine parlant de la place de la culture dans sa faculté dira: «je ne pense pas qu´elle ait une place dans notre faculté ni dans aucune autre faculté». Justifiant l´attitude des étudiants, il dira «en dehors de nos cours la fac est morte, comme il faut bien faire quelque chose, on se regroupe et on fait avec ce qu´on a»mais plus que ça: «si l´étudiant cherche à s´enrichir intellectuellement, il doit payer cette acquisition culturelle de sa poche».
Alors que dans les pays qui connaissent l´importance de la culture et son impact futur sur la société, la culture générale s´impose et dépasse les frontières de l´université, grâce à des projets tels que le «passeport culturel», où il suffit à l´étudiant de présenter sa carte pour accéder aux différentes manifestations culturelles à des prix abordables. Mais, à la limite, c´est là un autre monde. Aussi, l´activité ou l´animation culturelles sont un fait de société bizarrement ignoré par des jeunes adolescents qui, demain, prendront la relève. Dès lors, tant que la culture ne dispose pas de la place qui lui revient dans la société, et surtout des moyens nécessaires et suffisants, pour qu´elle s´affirme dans ce temple du savoir qu´est l´université, il y aura toujours un manque dans les connaissances de ces diplômés qui auront à prendre en charge des secteurs où la culture cherchera encore à s´exprimer.
La culture demeurera le parent pauvre de la société tant que ce vivier estudiantin lui tournera le dos et ne s´implique pas dans sa préservation, sa pratique et son expansion.