Le pétrole monte

Les cours de l'or noir semblent tenir la forme. Ils continuent à surfer sur la courbe ascendante de la semaine passée même s'ils ont légèrement trébuché lors de sa dernière séance, vendredi dernier. Ce n'était apparemment que partie remise. Ils ont démarré la semaine qui a débuté hier en hausse. À 12h30 le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, montait de 26 cents à 85, 60 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison progressait de 30 cents pour afficher 81,34 dollars. Quel facteur a permis à l'or noir de démarrer du bon pied? Les prix du pétrole débutaient la semaine en hausse lundi (hier, ndlr) à la suite de nouvelles frappes de drones sur les raffineries russes au cours du week-end, et des données économiques meilleures qu'attendu venant de Chine, nous dit-on. «Des données positives sur la Chine et de nouvelles attaques sur les installations russes de traitement du pétrole ont fait grimper» les prix du brut, indique Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb. Une nouvelle attaque de drones, imputée à l'Ukraine, a provoqué l'incendie de la raffinerie de Slaviansk-sur-Kouban dans le sud de la Russie, dans la région de Krasnodar, ont indiqué dimanche les autorités régionales. L'armée russe a fait face à ces attaques de façon énergique. Elle a d'ailleurs affirmé avoir abattu dans la nuit 35 drones ukrainiens au-dessus de différentes régions de la Russie, dont celle de Moscou. Un nombre impressionnant. Ces offensives ukrainiennes sont récurrentes en ce moment. Une raffinerie a été incendiée, samedi dernier, à Samara, à quelque
1 000 km de la frontière ukrainienne, après des attaques de drones. Des escarmouches qui ont tendance à faire monter le pétrole. Le brut avait déjà grimpé, la semaine passée en raison du risque géopolitique en Russie, après qu'une raffinerie de pétrole a été visée, le 13 mars, par un drone à Riazan. Une autre raffinerie avait été ciblée, la veille, dans la région de Nijni Novgorod, à 800 km de la frontière avec l'Ukraine. Ce qui a alimenté les commentaires des experts. Que disent-ils? «Les attaques de drones ukrainiens contre les infrastructures pétrolières russes ont surpris le marché, car nombre d'entre elles se situent à l'intérieur même de la Russie», explique Bjarne Schieldrop.
Si l'approvisionnement en brut ne devrait pas être perturbé pour le moment, des capacités de raffinage de pétrole pourraient être perdues à cause de ces attaques, estime t-il. Peuvent-elles avoir d'autres impacts? «Les conséquences de ces attaques devraient donc surtout se faire sentir sur les marges de raffinage et moins sur les prix du brut, même si elles ont un effet de contagion» sur le pétrole, affirme Bjarne Schieldrop. Des données positives concernant l'économie de la Chine, premier importateur mondial d'or noir, ont en parallèle agi positivement sur les prix. «Les données sur la production industrielle chinoise ont été supérieures aux attentes», rassurant les investisseurs sur la santé économique du pays et donc sur sa demande en brut, expliquent les analystes de Dnb. Ce qui conforte les projections de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La demande mondiale d'or noir devrait connaître une croissance «robuste» en 2024, tirée par la Chine, et alimentée par les appétits pour le transport aérien, indique le document de l'Opep rendu public le 12 mars. Une estimation confirmée par l'Aie pour d'autres raisons, cependant. La demande mondiale de pétrole devrait augmenter plus fortement que prévu au premier trimestre 2024, alimentée notamment par une amélioration des perspectives aux États-Unis et une hausse de la demande des navires qui contournent l'Afrique pour éviter les attaques des Houthis, a écrit, l'Agence internationale de l'énergie dans son rapport mensuel publié le 14 mars. Autant de «cartouches» qui poussent les cours de l'or noir vers le haut.