Comment dépasser le bricolage
Le sort s´acharne sur l´Algérie. Moins de deux ans après les inondations de Bab El-Oued, qui ont fait près de 800 morts, le séisme du 21 mai 2003, dont l´épicentre a été localisé aux environs de Zemmouri, a été dévastateur sur un rayon de plus de 200 km, puisqu´on signale des victimes jusque dans la wilaya de Béjaïa, à Adekar plus exactement. Depuis le tremblement de terre d´El-Asnam en 1980, qui a fait 3000 morts et des milliers de sans-abri, l´attention des pouvoirs publics a été attirée sur la nécessité de prévenir les cataclysmes naturels, tout en mettant en place les structures chargées d´apporter des mesures d´urgence aux victimes après le sinistre. Tout le nord de l´Afrique, c´est connu, est situé sur une zone de sismicité régulière, continue, étalée dans le temps sur des milliers d´années, au point de contact entre les plaques tectoniques africaine et eurasienne.
C´est une donnée constante et incontournable et l´ignorer revient à vouloir cacher le soleil ave amis, voire à augmenter la part de la fatalité dans ce qui est déjà une terrible épreuve. Depuis le séisme d´El-Asnam justement, de nombreux séminaires et colloques ont été organisés pour étudier les modalités à mettre en oeuvre en cas de sinistres majeurs, d´autant plus que ce douloureux événement a été suivi par d´autres: Mascara, Tipasa, Aïn Témouchent, Beni Ouartilène. Ces séminaires, auxquels ont pris part d´éminents spécialistes algériens et étrangers, ont émis des recommandations qui ont été transmises aux plus hautes instances du pays. En amont, il y a lieu d´insister sur les normes de construction parasismique et le nettoyage des caniveaux. C´est ce qui est considéré comme le plan d´urgence pour la réduction des risques majeurs. En aval, la stratégie globale prônée prévoit la mise sur pied d´une structure permanente et opérationnelle pour la prise en charge des victimes à tous les niveaux. Une sorte de plan Orsec prêt à être mis en branle en un quart de tour en fournissant les tentes, les citernes d´eau, les médicaments, les vivres, en attendant de pouvoir garantir également des repas chauds. Les pelleteuses et autres engins de terrassement devraient faire partie de la panoplie de mesures. Les victimes et les dégâts matériels provoqués par le séisme du 21 mai ont été énormes, mais à supposer que l´épicentre soit situé en plein coeur de la capitale, là où il y a une forte densité de population, n´est-ce pas que le nombre de victimes aurait été autrement plus considérable? C´est tout le système de prévention en amont et en aval qui doit être, une fois pour toutes, mis en place. Au lieu de cela, on nous a habitués à des actions ponctuelles et sporadiques qui relèvent plus du bricolage que d´une stratégie globale réfléchie et à long terme. Cette fois, on doit dépasser le stade des déclarations d´intention et oser prendre les mesures draconiennes qui s´imposent.
