La chaîne énergétique intégrée

Le Sommet des chefs d'État et de gouvernement du forum international des pays exportateurs de gaz s'est ouvert, hier, sur une promesse de régulation du marché du gaz à l'échelle planétaire. Pas moins d'une dizaine de pays membres du forum sont représentés par leurs chefs d'État. Exceptionnel! Cela témoigne d'une volonté de peser très sérieusement sur les enjeux énergiques mondiaux. Le Sommet d'Alger du Gecf s'impose donc comme un carrefour géopolitique d'une importance historique. De ce rendez-vous majeur, découlera une réorganisation du marché énergétique mondial. L'ambition est à portée de main, à voir l'intérêt qu'accordent les plus grands producteurs au Sommet d'Alger. Il reste, cependant, dans l'esprit de tous, que le gaz, qu'il soit naturel ou liquéfié, est une énergie de transition. Moins polluant que le charbon et le pétrole et aussi, moins dangereux que l'atome, ce produit dont regorge l'Algérie demeure une énergie fossile, donc non renouvelable. Le bloc européen qui dépend fortement de cette ressource met beaucoup d'espoir dans le développement technologique et mise sur des alternatives au gaz. En cela, l'Algérie tente de prendre les devants et construit avec l'UE un partenariat d'avenir centré sur les énergies renouvelables.
Avant le chamboulement géopolitique causé par la guerre en Ukraine, cette option n'était pas dans l'agenda européen. On se souvient de l'aventure éphémère de Desertec. Mais ces deux dernières années, la coopération algéro-européenne prend une dimension stratégique. Le gazoduc qui alimentera les pays de l'UE en gaz naturel, en hydrogène vert et en électricité solaire témoigne du changement de paradigme en Europe vis-à-vis de la question des rapports énergétiques avec l'Algérie. Enclenchant un nouveau processus dans la gouvernance de cette ressource énergétique à l'échelle de la planète, l'Algérie anticipe donc la prochaine étape et prépare activement l'après-gaz, en s'aidant d'un apport technologique occidental, tout en développant justement une forte coopération avec les pays du Gecf. Un positionnement stratégique qui préfigure un rôle central de l'Algérie dans l'équation gazière internationale, mais également dans les nouvelles énergies renouvelables, dont elle détient les clés de leur développement.
Grâce au soleil, l'Algérie a la formidable opportunité de demeurer leader régional en matière de production d'énergie. Il reste à compléter le mix, la maîtrise de l'énergie nucléaire civile. Et là aussi le sous-sol du pays regorge de matière première.