L'Expression

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La France déboussolée

La messe est dite. Le projet de Traité d´amitié entre l´Algérie et la France est bel et bien enterré. Dans son discours à l´occasion de l´anniversaire du 20 Août, le président Bouteflika a exprimé toute sa déception quant à la loyauté de l´Etat français. Après avoir évoqué le défunt Houari Boumediene qui avait vertement remis à sa place, pour son insolence, Giscard d´Estaing, à l´époque président de la République française en visite officielle en Algérie, le chef de l´Etat algérien a été on ne peut plus clair: «Nous avons été mal payés en retour» a-t-il déclaré. En décodé et en écartant le langage diplomatique, la phrase deviendrait «nous avons été trahis». Trahis dans la confiance placée dans la parole du premier des Français, Jacques Chirac, qui s´est avéré prisonnier d´une partie de la classe politique de son pays et de ses médias hostiles à toute normalisation des relations entre les deux pays. Tellement prisonnier que sa marge de manoeuvre ne pouvait lui permettre d´aller au-delà de «la tragédie inexcusable» exprimée par son ambassadeur. C´est triste pour la France de ne pouvoir agir librement dans le sens de ses intérêts stratégiques. Comme c´est le cas aussi, aujourd´hui, au Liban où elle ne parvient pas à assumer ses engagements et prendre le commandement de la Finul avec force et détermination. Tandis que Bush et Tony Blair regrettent d´avoir cédé à l´ego français et croire que Chirac «l´ami et l´allié» pouvait faire le travail à leur place, Ehud Olmert demande à l´Italien Prodi de lui renvoyer l´ascenseur, après son succès contre Berlusconi, et prendre le commandement de la Finul au lieu et place des Français. En réalité, Chirac craint de se retrouver face aux Israéliens qui projettent un second round dans leur agression du Liban. C´est pourquoi il demande avec insistance l´élargissement des missions de la Finul avant d´envoyer les militaires français. Chirac, dans son désarroi, sait qu´il n´a pas droit à l´erreur et que la même classe politique, qui fait obstruction dans les relations franco-algériennes, guette son moindre faux pas face aux velléités israéliennes sur le Liban. La position du président français est encore plus inconfortable si l´on y ajoute l´échéance des présidentielles de 2007. Une solitude mortelle qu´aucun candidat à la candidature, de Sarkozy à Fabius, ne romprait pour rien au monde. Voilà dans quel état se trouve l´exercice du pouvoir en France. Un pouvoir de moins en moins crédible. Un pouvoir pas très loin de la déliquescence qui n´a de prise ni sur le bon fonctionnement de sa justice que l´affaire Outreau a mis à nu, ni sur son armée qui ne s´est jamais réellement remise de l´affaire Dreyfus ni même de son administration qui a vendu au diable son obligation de réserve. Devant de telles convulsions, l´Algérie a tout intérêt à prendre ses distances pour se prémunir contre tout effet collatéral. Quant à l´écriture de notre histoire, nous nous en chargerons nous mêmes bien mieux qu´avec un colonisateur déboussolé qui se prend pour civilisateur.

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