L’Algérie fait peau neuve
Après une longue hibernation qui a duré plus d´une année, la vie politique est de retour dans notre pays. Alors que le plébiscite exprimé en faveur du candidat Bouteflika en 2004 avait fait l´effet d´un raz-de-marée qui avait rendu la classe politique complètement aphone, le projet de réconciliation nationale pensé par le président Bouteflika a déjà comme premier résultat de redonner des couleurs à la vie partisane et au débat politique. La cacophonie est telle que des observateurs en perdent leur esprit d´analyse. Belkhadem dit une chose, Ouyahia soutient le contraire tandis que louisa Hanoune butine dans les plates-bandes de l´alliance en jurant être toujours dans l´opposition. Que se passe-t-il en réalité? Une véritable lame de fond est en train de chambouler la vision des choses dans notre pays. Après avoir réussi à faire admettre aux moudjahidine que le temps de la légitimité révolutionnaire est révolu, le président de la République se devait de préparer les conditions devant permettre l´instauration définitive de la légitimité populaire. C´est précisément à cette mutation que nous assistons et qui est caractérisée par le regain d´activité du personnel politique. Un regain qui n´aurait pas été possible sans le déplacement du centre de décision. Il est de plus en plus clair aujourd´hui que l´Armée ne joue plus le même rôle qu´elle s´était attribué depuis bien avant l´indépendance à savoir diriger en réalité et rythmer la vie politique en Algérie. Les derniers changements à la tête de l´institution militaire confirment cette nouvelle donne. Il ne reste que très peu à faire pour que le «retour aux casernes» et aux «missions conférées par la Constitution» devienne une réalité pleine et entière. C´est ce qui fouette aujourd´hui les ambitions de nos hommes et politiques. C´est aussi ce qui les motive à «mouiller la chemise» et multiplier les tribunes pour convaincre le seul décideur qui reste: l´électeur. Fini le vase clos et les manoeuvres en coulisses. Tout se joue en public. Ceci est tellement évident que le débat en cours, censé avoir pour unique sujet la réconciliation nationale, déborde sur d´autres thèmes comme la révision de la Constitution. Une chose est cependant sûre, le personnel politique, qui s´était mis en congé au lendemain des présidentielles de 2004, refait surface et trouve l´occasion de se replacer sur «le marché».
Fait plus important encore est ce recul de la pensée unique dans les structures mêmes du pouvoir. Belkhadem et Ouyahia ont maintenant le droit de diverger sur la méthode. L´intérêt supérieur de la nation est le seul Smig imposé à tous.
