L’Arlésienne
Etat de droit par-ci. Etat de droit par-là. Plusieurs fois annoncé, jamais arrivé. Alors qu´on le croyait en route, il s´avère qu´il n´a pas encore démarré. Le gouvernement vient à peine d´évoquer sa «mise en oeuvre». En clair, rien n´a été fait jusque-là.
A commencer par la justice où aucune réforme n´a été engagée. Pourtant, les quelques amendements apportés au Code pénal devaient être le prélude au grand chantier. Mais rien.
Le système éducatif est si colossal que des nains ne peuvent le faire bouger. Promesse a été faite pourtant que ce sera pour la rentrée prochaine. Attendons, mais sans grande illusion.
Aucune réforme du Code communal ni de wilaya n´est venue avant les prochaines élections du 10 octobre. Les maires, qui succéderont à ceux d´aujourd´hui, pourront continuer paisiblement à sévir.
Aucun indice probant sur la relance de la mission de contrôle du Parlement n´a pointé le nez.
Le code des marchés publics se complaît dans ses béances.
La liste des préalables pour la construction de cet Etat plusieurs fois promise serait trop longue à étaler ici. Notons cependant qu´elle se prolonge jusqu´aux petits détails de la vie quotidienne comme celui de faire respecter les sens interdits. Ils sont plus que jamais allègrement enfreints en toute impunité.
En fait, n´instaure pas l´Etat de droit qui veut. Il faut que les conditions idoines existent. C´est loin d´être le cas présentement.
Il n´y a pas de miracle. Le socle de cette grande aspiration à une nation moderne passe par la paix retrouvée. Nous n´y sommes pas encore. Nos gouvernants le savent. Et pourtant...
Soyons sérieux, un Etat de droit est l´aboutissement d´un vaste chantier à entreprendre. Des mentalités à changer. Une administration à revoir de fond en comble. Une culture à instaurer.
Tout au plus, ce que peut faire un gouvernement à partir d´un programme, c´est jeter les bases d´une telle construction à venir.
C´est en finir avec les atermoiements autour du traitement du dossier de la justice. C´est avoir le courage nécessaire de secouer le cocotier. C´est assainir avant de planter de nouvelles pousses.
C´est commencer sans attendre à enseigner à nos enfants le «code de la citoyenneté». Sans perdre de vue que le temps de la cueillette prendra du temps . Le temps d´une génération.
Que le gouvernement décide l´«accélération» de l´instauration de l´Etat de droit ne veut pas dire que celui-ci est pour demain. De tels effets d´annonces créent de faux espoirs qui, à leur tour, creusent davantage le fossé, déjà trop large, qui sépare les gouvernés des gouvernants.
L´absence de communication et le refus de l´accès à l´information trouvent ici toute leur explication.
Les discours servis pour la circonstance sont à consommer en l´état. Car, et on ne le dira jamais assez, l´Etat de droit n´est pas affaire de communiqués.
C´est un projet de société.
Les luttes sont là. Et elles sont âpres.