L'Expression

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Le jeu d’échecs

Mieux, pour des calculs stratégiques évidents, des dizaines d´activistes algériens ont été utilisés, en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis, «à bon escient». Et jamais les réseaux terroristes n´auraient eu assez de force pour tenir la dragée haute aux services de sécurité algériens sans l´aide précieuse, le soutien logistique et la manipulation des organisations politiques, occidentales notamment.
Les jeux d´équilibre et les rapports de force voulus par ces organisations peuvent, aujourd´hui, être interprétés comme autant de «données prévisionnelles», utilisées comme une anticipation d´un islamisme libéral et conciliant, proche du wahhabisme saoudien, qui devait s´installer en Algérie d´un jour à l´autre. Le cuisant échec de ces «spin doctors», qui bénéficiaient d´une approbation d´Etat, leur inflige, aujourd´hui, le devoir de faire amende honorable et de revoir leur sujet.
Ni la DST ni la Dgse, en France, n´ignoraient la montée en force, dès 1990, de la FAF (Fraternité algérienne en France) encore moins son caractère subversif et terroriste. Moussa Kraouche et Djaâfer El-Houari avaient assuré, après l´arrêt du processus électoral, le transit de nombreux activistes, qui ont fui Alger, la propagande et l´agitation, comme ils ont permis à la toile du FIS de s´étendre à travers l´Europe.
Des revues comme Critère et Résistance, qui publiaient de véritables appels au meurtre, étaient éditées par la FAF. Mieux, Kraouche et Houari, qui avaient réussi à mobiliser outre des Algériens de la périphérie parisienne, des Marocains, des Tunisiens et les jeunes beurs, étaient constamment courtisés par les autorités locales, notamment lors des élections municipales.
En 1994, un journaliste du Monde enquête sur Kraouche et publie, preuves à l´appui, qu´il s´agit bien là d´«une taupe de la DST chez les islamistes». L´affaire s´ébruite et le turbulent Moussa Kraouche est «sommé» de tempérer ses ardeurs activistes. Peu à peu, il se fait oublier, avec des promesses qu´il ne sera jamais inquiété. En août 1992, Rabah Kébir, assigné à résidence à Collo, s´enfuit à Bonn. Le réseau, qui a déjà tissé sa toile à Paris, Genève et Bruxelles, se complète alors, et le groupe Kébir, Heddam, Bounoua Bendjemaâ, Qamareddine Kherbane et Ahmed Zaoui décident de créer le Comité exécutif du FIS à l´étranger. Toutes les capitales occidentales étaient au courant de ces regroupements et couvaient, d´un oeil attentif, ces «opposants politiques».
Charles Pasqua, alors ministre de l´Intérieur, n´entretenait pas les meilleurs rapports avec Washington, qu´il accusait d´être complaisant avec les islamistes algériens sur son sol. Aussi, un diplomate américain en poste à Paris lui rendait-il la monnaie en l´accusant d´être «trop mou» avec les poseurs de bombes proche-orientaux. Ce diplomate, qui agaçait alors la place Beauvau, sera, plus tard, chargé du desk algérien au département d´Etat à Washington, et Paris l´accusera, de nouveau, d´entretenir des liens «trop étroits» avec Heddam.
Le jeu continue, mais toujours sur le dos de l´Algérie. A Genève et à Bruxelles, se construisent les réseaux les plus performants d´Europe en matière de logistique et d´armement au profit du GIA en Algérie. Fax, postes-radio, micro-ordinateurs, pistolets automatiques et explosifs apportent un «plus» aux fiefs terroristes de Médéa, Relizane, Tiaret et Laghouat.
En Suisse, le cerveau des réseaux européens, Mourad D´hina bénéficie, à ce jour, d´une liberté de mouvement et de ton tout à fait exceptionnelle et carrément incompréhensible. Le même traitement de faveur est réservé à Zaoui à Bruxelles. En Grande-Bretagne, les Kherbane, Chouchane, Dnidni et consorts peuvent se targuer de vivre dans la capitale occidentale de l´activisme islamiste. En Suède, le Centre culturel algérien et la mosquée de Stockholm ont été des points de chute des transitaires entre l´Est et l´Ouest européens.
Les Etats-Unis, eux-mêmes, qui mènent, aujourd´hui, «leur» propre guerre contre le terrorisme, ont longtemps flirté avec celui qui revendiquait, à partir de Washington, l´attentat du boulevard Amirouche en 1995.
A force de manipuler le terrorisme, les Occidentaux se sont brûlé les doigts. Il fallait revenir à l´évidence: on ne manipule pas une bombe à retardement sans risque.

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