L'Expression

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Le ministre qui se nourrissait de grives

C'est agréable d'être ministre, mais c'est dur, même très dur, de s'en aller. Que de dégâts collatéraux ont causé les remaniements gouvernementaux! Combien d'entre ces ministres n'ont-ils pas sombré dans une dépression après avoir été remerciés et que leur téléphone a cessé de sonner? Le sentiment de ne pas être reconduit est souvent vécu comme une déception, une frustration. C'est humainement compréhensible. Mais aussi parce que la République n'est pas avare envers ses serviteurs. Ils sont choyés et copieusement servis en avantages. Dès l'annonce de sa nomination, le tout frais ministre est assailli de coups de téléphone. À force d'être courtisé et sollicité, le ministre de la République finit par développer sa propre bulle. Il décrète, ordonne, tranche, nomme et dégomme. Il est craint. Il a un pouvoir. Et le pouvoir donne du tonus et rougit les pommettes. Le ministre ne fait rien comme tout le monde. Il traverse les villes en trombe et sa garde de motards fait gicler les voitures de part et d'autre de leurs sillons comme du gravier. Il est convié aux réceptions et ne marche que sur un tapis douillet qui n'use pas les semelles. Puis, par un beau jour, un mauvais plutôt, la bulle explose, le téléphone ne sonne plus, il redescend dans le monde... de tous les jours. Survient alors le choc, le terrible choc psychologique. Quand on est habitué aux grives, il est très difficile de réapprendre à se nourrir de merles. Il est dit quelque part dans la charte politique, non écrite, que les postes ministériels sont assortis d'une date de péremption.
Depuis avant-hier, les ministres sont collés à leurs téléphones attendant la bonne nouvelle ou le couperet...
Des ministres en déplacement à l'intérieur du pays étaient contraints d‘écourter leurs visites pour rappliquer sur Alger.
Si le remaniement gouvernemental fait saliver les prétendants, en revanche, il déstabilise fortement les ministres en poste, dont certains ont déjà quitté leurs fauteuils pour s'asseoir sur leurs cartons. Nous ne sommes plus devant un simple lifting pour donner l'impression d'un changement et calmer une grogne de quelque nature que ce soit. Le gouvernement a carrément changé de tête. Même si elle sera majoritairement reconduite, la tâche de la nouvelle équipe que conduira Nadir Larbaoui sera ardue tant les défis sont grands. Des défis sociaux, économiques et internationaux. Le gouvernement amorcera, en effet, un nouveau virage qui exige une autre cadence et même de nouveaux profils. L'équipe aura à gérer l'opulence avec une mentalité parcimonieuse car les lendemains géopolitiques déjà précaires, s'annoncent avec un long cortège d'instabilité et de redistribution des cartes.

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