L’Ugta et l’économie de marché
L´Ugta vient d´administrer la preuve que la liberté syndicale en Algérie n´est pas un vain mot. Tant mieux puisqu´une démocratie, fût-elle juvénile, comme celle qu´on essaie de mettre en oeuvre en Algérie depuis 1989, ne peut se passer d´un principe qui vaut également son pesant d´or dans la politique de défense et de protection des droits de l´Homme. Hier donc, l´Ugta, la grande Centrale syndicale créée en tant de guerre par feu Abane Ramdane, a eu à démontrer encore une fois qu´elle était capable de mobiliser des travailleurs même si M.Sidi Saïd semble être allé un peu trop vite en besogne en annonçant que le débrayage de ces deux derniers jours avait été suivi à «plus de 90%». Pourcentage aussitôt repris à son compte par un quotidien du matin annonçant de son côté «92%» sans nous dire par rapport à quoi. Sur quels critères? On n´en saura rien!
Récapitulons. En Algérie on le sait désormais, le droit syndical n´est pas un vain mot. La preuve en a été donnée les 25 et 26 février derniers. Simplement un grand nombre de citoyens n´ont, jusqu´ici, pas compris la démarche de l´Ugta qui, partant du souci de mobiliser le plus largement possible pour contrer les pouvoirs publics dans leur démarche de «privatiser» l´entreprise Sonatrach, n´a abouti, semble-t-il, qu´à déclencher un formidable rush sur les stations-service de Naftal, sa filiale. Pour autant nous restons convaincus qu´un jour ou l´autre les répercussions chiffrées de cette grève sur l´économie nationale parviendront à l´opinion publique pour lui permettre d´apprécier à leur juste valeur les conséquences d´une initiative dont on vient de dire qu´elle n´était ni utile ni indispensable au moment où la fragilisation de notre économie à cause de la crise continue d´en subir les effets. Cela étant dit, et malgré la pénurie d´essence provoquée par la ruée des consommateurs sur les stations-service, nous avons réussi à interroger quelques travailleurs, parmi eux de petits fonctionnaires qui, sans la moindre réserve, se sont plutôt attaqués à l´Ugta en lui reprochant de n´avoir pas été capable d´obtenir que leurs salaires soient valorisés par rapport à la rétribution salariale des grandes pointures de la Fonction publique et du secteur public en général qui a fait l´objet d´augmentations conséquentes. Pour des raisons d´ailleurs aussi valables que la volonté d´enrayer la fuite des cadres vers l´étranger.
Constat amer pour une centrale qui a longtemps vécu d´un prestige acquis en d´autres circonstances il y a longtemps et pour des objectifs différents. Comme quoi le «génie ne dure qu´un temps après quoi il dégénère». Pis, pour des considérations liées à la reprise de croissance, mais également au fait que l´Algérie souffre de récession depuis 1988, de nombreux observateurs nous ont confié que «notre pays n´a pas besoin de débrayages parce qu´à l´inverse des pays développés, nous n´avons pas encore atteint le stade qui nous permet d´amortir facilement les pertes sèches découlant de ce type de situation».