Nouveau ton
La session du Cnes n´a pas tenu toutes ses promesses, c´est le moins que l´on puisse dire. Et pour cause, les discours du chef du gouvernement et celui du président de cette institution, au lieu de se confronter, sont allés dans le même sens. Pis, c´est Ouyahia qui a pris l´initiative de l´offensive en détruisant, chiffres à l´appui, toutes les observations contenues dans le rapport de conjoncture sur la situation économique et sociale du pays. Ainsi, l´opinion nationale, habituée à des passes d´armes mémorables à chacune des sessions du Cnes, aura été déçue de la première prestation de M. Babès qui, en affirmant que le rôle de l´institution qu´il dirige est de «soutenir les efforts de l´Exécutif», n´a fait, ni plus ni moins, qu´insinuer que, dorénavant, le ton ne sera plus le même lorsqu´il s´agira d´interpeller le gouvernement. L´on comprend, à travers les propos du président du Cnes que cette institution va jouer un rôle d´accompagnateur du gouvernement dans l´exécution de son programme. Soit. C´est là une mission que M.Babès veut primordiale pour, à l´en croire, donner au Cnes une raison pratique d´exister. Ainsi, le Cnes, version Mentouri, où le verbe est dur et le gouvernement poussé dans ses derniers retranchements, c´est de l´histoire ancienne. Le nouveau Cnes «ne cherchera plus la petite bête», si l´on peut dire. Son rôle sera désormais d´éviter les polémiques qui font l´objet des grosses manchettes de la presse nationale. A entendre M.Babès parler de sa vision des missions de cette institution, l´on est amené à penser qu´un espace de débat contradictoire qui, quoi qu´on dise, avait sa raison d´être, a toutes les chances de se transformer en lieu où les amabilités prendront le dessus sur les vérités crues que servait à l´opinion un certain Mentouri qui, même en démissionnant, n´a pas laissé l´opinion indifférente. La différence entre les deux Cnes, on l´aura vu hier, la première journée de la session a laissé comme un goût d´inachevé. L´on ne savait plus qui était le contrôleur et qui était contrôlé. Le chef du gouvernement a tout simplement inversé les rôles. Aussi, sommes-nous tentés de conclure que dans le processus de «normalisation» des institutions de la République, l´Etat vient de remporter une autre bataille. C´est bien dommage, car, polémique ou pas, il faut admettre que le ton sévère du Cnes dans les précédentes sessions, avait sa fonction politique. Les Algériens ont le droit de connaître tous les sons de cloche. Désormais, les «mauvaises cloches», du point de vue de l´Exécutif, ne sonneront plus. Tant mieux pour Ouyahia et tant pis pour le débat public.