Un obstacle nommé Maroc
La décision du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental remet le Maroc à sa place et démontre d´une manière éclatante la justesse de la revendication du peuple sahraoui. Mais plus que cela, elle détruit toutes les accusations infondées du palais royal quant à une implication de l´Algérie dans le conflit. La fixation dont fait montre le roi alaouite par rapport à ce qu´il considère comme le rôle néfaste de l´Algérie sur ce dossier, mondialement reconnu comme étant un cas de décolonisation, n´a, en réalité, aucune raison d´être. Le Conseil de sécurité, instance internationale suprême, s´il en est, a désavoué le Maroc et consacré le principe de l´autodétermination auquel adhère l´Algérie par principe. Il devient clair donc que la position algérienne est calquée sur celle de la communauté internationale. Si l´on suit le raisonnement du Maroc, il devra aussi s´en prendre aux pays membres du Conseil de sécurité et les accuser de partialité dans le traitement du conflit. Mais cette question, pour aussi légitime qu´elle soit, n´est, en fait, pas la seule préoccupation des peuples de la région.
Ces derniers ont plutôt les yeux tournés vers l´Union européenne et se posent la question de savoir pourquoi les nations du Maghreb ne font pas de même aux fins de garantir la stabilité et la croissance économique de la région. Les chefs d´Etat, qui ont montré le chemin vers la fin des années 80 en créant l´UMA, ont suscité un réel espoir au sein des sociétés maghrébines. Les peuples y ont cru et ont attendu que l´Union dépasse le stade du concept pour être une réalité, mais, hélas, le Maroc, depuis 1994, ne cesse de jouer avec l´espoir des peuples de toute une région du monde. Y compris le sien.
En boycottant le dernier Sommet, Mohammed VI a fait faire au Maghreb un bond en arrière de plusieurs années. Pas plus tard qu´hier, c´est le même roi qui évoque en termes élogieux les acquis de l´UMA (?!). Il est primordial que le jeune monarque comprenne, une bonne fois pour toutes, qu´il est indécent de jouer avec les espoirs de plus de cent millions d´âmes et de faire passer le désir expansionniste de sa monarchie avant les intérêts du Maghreb. Il faut également qu´il saisisse que les temps ont changé, l´amère expérience qu´il a fait subir à son peuple et à son armée à travers l´épisode de l´îlot Persil en témoigne.
Aujourd´hui qu´il est prouvé que la question sahraouie est bel et bien entre les mains de l´ONU, il est nécessaire, pour l´intérêt de tous les Maghrébins, que la page de guéguerre imposée par le Maroc soit tournée. Le roi doit absolument mettre le problème sahraoui entre parenthèses et aider à asseoir un Maghreb uni et solidaire. L´Histoire retiendra cela et pas les petites intrusions sur un îlot désertique.