Une maison de verre
Les députés suisses, du courant socialiste et écologiste, qui s´occupent de la situation des droits de l´homme en Algérie, cela n´est ni nouveau ni surprenant. Certains Algériens poussant des cris d´orfraie, pourraient y voir un délit d´ingérence, grand bien leur fasse. D´autres au contraire, rétorqueraient que notre maison est une maison de verre, et tant qu´à faire, les élus socialistes et écolo suisses ont parfaitement le droit de se fendre d´une résolution condamnant la pratique des droits syndicaux et les atteintes aux droits de presse en Algérie. A l´heure où les chaînes européennes cryptent leurs programmes pour priver les citoyens africains de suivre la Coupe du monde, le coup de semonce de nos amis suisses est bienvenu. Il confirme une fois de plus qu´une ligne bien visible sépare le monde en deux: un Nord riche et un Sud pauvre.
Autre remarque ; les chiffres sur lesquels s´appuient les députés suisses datent de 1995. Ils sont déjà dépassés. Que ce soit le taux de chômage ou celui des investissements, ils sont loin de refléter la réalité, et sont plus proches de la période où le prix du baril était à 9 dollars. Cela dit, on est toujours mal à l´aise de voir que certains sont prompts à demander des sanctions contre un peuple qui ne leur demande rien.
Tout le monde connaît l´habileté des officiels algériens à gonfler et maquiller les chiffres. De là à ce que les députés d´un pays étranger, fût-il ami, pratiquent le même sport, il y a un pas qui a sans doute été allégrement franchi.
Cela dit, le plus grave serait sans doute de faire comme si de rien n´était, en faisant le dos rond, devant un projet de résolution qui titille quelque peu l´ego national. Mais le monde, voire la planète, étant devenu, comme chacun sait un village global, on ne peut être surpris de voir que des élus helvétiques s´intéressent un peu à notre sort. C´est encore mieux que de susciter l´indifférence.
Quand les compagnies aériennes étrangères évitaient le macadam de l´aéroport Houari-Boumediene à Alger, ce superbe boycott faisait de l´Algérie une sorte de zone interdite dont on ne souhaitait pas parler, aujourd´hui qu´elles y reviennent, il y a dans le packaging un intérêt croissant pour la défense des droits de l´homme. Pourquoi pas? Les députés suisses ne seront pas en tout cas les premiers à faire ce genre de remarques. Bien avant eux, d´autres l´avaient fait: Américains ou Parlement européen, en adoptant des résolutions qui n´ont pas changé grand-chose à l´exercice du droit syndical en Algérie. En conclusion, si changement ou amélioration il y a, ils ne pourront être que le fait des Algériens eux-mêmes. Par des luttes, au quotidien, et dans tous les domaines, et par le travail.