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LE PAKISTAN PARALYSÉ

Controverse sur la mort de Benazir Bhutto

La vie s’est arrêté hier, deux jours après l’attentat suicide dans lequel l’opposante pakistanaise a trouvé la mort.

La vie au Pakistan était littéralement paralysée hier, deux jours après la mort dans des circonstances controversées de l´opposante Benazir Bhutto dans un attentat suicide. En raison de l´incertitude politique et de la peur de nouvelles manifestations (les émeutes ont déjà fait 33 morts), la confusion régnait aussi sur l´avenir des élections législatives et provinciales qui doivent avoir lieu le 8 janvier. Baïtullah Mehsud, chef présumé d´Al Qaîda au Pakistan, a démenti, hier, être à l´origine de l´attentat, comme l´en avait accusé, la veille, le gouvernement.
«Il n´est pas impliqué dans cet attentat», a déclaré à l´AFP un de ses porte-parole, le maulana Omar, interrogé par téléphone satellitaire. «C´est un complot du gouvernement, de l´armée et des services de renseignements pakistanais», a-t-il accusé. Par ailleurs, la porte-parole de Benazir Bhutto a affirmé, hier à l´AFP, que l´ex-Première ministre avait été touchée par une balle à la tête, démentant la version du gouvernement.
«J´ai vu qu´elle avait une blessure par balle à l´arrière de la tête et une autre, causée par la sortie de la balle, de l´autre côté de la tête», a déclaré, à l´AFP, Sherry Rehman, assurant avoir lavé son corps avant l´enterrement. Vendredi, le gouvernement, citant les médecins qui ont effectué l´autopsie, a assuré que Mme Bhutto avait été tuée par un choc à la tête après avoir heurté le levier du toit ouvrant de sa voiture en tentant d´éviter les balles de l´agresseur. Selon cette version du gouvernement, aucune balle n´a touché Mme Bhutto.
Le kamikaze a ouvert le feu sur elle à l´issue d´un meeting électoral à Rawalpindi, dans la banlieue d´Islamabad, avant de faire exploser la bombe qu´il portait sur lui, tuant au moins 20 personnes.
Les militants du Parti du Peuple Pakistanais (PPP) que dirigeait Mme Bhutto, principal mouvement de l´opposition, accusent le pouvoir de M.Musharraf de l´avoir ´´tuée´´, au moins indirectement en lui refusant une sécurité appropriée alors qu´elle faisait l´objet de menaces ´´précises´´. Elle avait déjà été la cible, le 18 octobre, d´un double attentat suicide à Karachi, le plus meurtrier de l´histoire du pays, avec 139 morts.
Au deuxième des trois jours de deuil national décrétés par le président Pervez Musharraf pour honorer la mémoire de Mme Bhutto, les boutiques et magasins d´alimentation étaient tous fermés à Karachi et Lahore, et les villes ´´jumelles´´ Islamabad et Rawalpindi, les quatre grandes cités du Pakistan. Les stations d´essence, les transports publics étaient quasi inexistants et très peu de voitures circulaient dans les rues, les chauffeurs cherchant frénétiquement, en vain, à remplir leur réservoir ou dénicher le dernier magasin d´alimentation ouvert.
Certaines artères, essentiellement à Karachi, le fief du parti de Mme Bhutto, portaient des traces des violences entre émeutiers et forces de sécurité qui ont reçu l´ordre, vendredi, de «tirer à vue». Au moins 33 personnes sont mortes dans ces combats de rue depuis la mort de l´ex-leader de l´opposition, dont au moins 24 dans la province méridionale du Sind, fief du parti de Mme Bhutto, et dont Karachi, mégalopole de 12 millions d´habitants, est la capitale.
Le gouvernement a clairement accusé Al Qaîda d´être responsable de l´attaque visant Mme Bhutto, comme le 18 octobre. Le ministère de l´Intérieur a affirmé que les services de renseignements avaient intercepté un appel téléphonique dans lequel Baïtullah Mehsud félicitait un de ses hommes après l´attaque et indiqué l´endroit où il se trouvait dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.
Dans ce secteur, Washington estime qu´Al Qaîda et les talibans afghans ont reconstitué leurs forces, grâce à l´appui des tribus pakistanaises fondamentalistes, dont celle des Mehsud. Il y a ´´une preuve irréfutable´´ que le réseau d´Oussama Ben Laden ´´tente de déstabiliser le Pakistan´´, avait assuré le porte-parole du ministère, Javed Cheema.
Un responsable gouvernemental a dit vendredi que le gouvernement n´avait pas encore pris de décision concernant un éventuel report du scrutin du 8 janvier.
Quelque 16.000 soldats des troupes paramilitaires, dont 10.000 pour la seule Karachi, y ont été déployés. Personne n´ose sortir dans les rues du grand port du Sud, et les quelques rares chauffeurs qui s´y risquent, conduisent à vive allure sans s´arrêter.
Les Etats-Unis, dont Islamabad est un allié-clé dans leur ´´guerre mondiale contre le terrorisme´´, ont, par ailleurs, affiché leur confiance sur la sécurité de l´arsenal nucléaire de cette République islamique de 160 millions d´habitants.
La mort de Benazir Bhutto, qui avait promis d´´´éliminer la menace islamiste´´ du pays, survient après une série record d´attentats suicide dans l´histoire du pays, qui ont fait près de 800 morts en 2007, attribués, ou revendiqués, par les militants proches d´Al Qaîda, au premier rang desquels figure Mehsud.

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