L'Expression

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Mensonge, hypocrisie et trahison de la profession

Les médias occidentaux tuent la vérité

La presse occidentale s’acharne à expliquer que tous les morts n’ont pas la même valeur. Pour ces médias, les morts palestiniens ne sont que des terroristes, lorsqu’il s’agit de membres du Hamas ou des dommages collatéraux, lorsqu’il s’agit des civils assassinés.

Le traitement de l'agression israélienne contre Ghaza par les officiels du bloc occidental et leurs médias, nous interroge tous. Il renseigne sur l'unanimisme qui caractérise la scène politico-médiatique européenne, notamment française, sans refléter pour autant la réalité des opinions en Occident.
La solution à deux États, palestinien et israélien, actée par les Nations unies est volontairement effacée dans le discours. La résistance du peuple palestinien en marche pour sa libération est réduite à une activité terroriste. La tendance est plutôt pour les Occidentaux: «Israël est dans son droit absolu d'exterminer le Hamas et si cela doit passer par l'extermination totale des Palestiniens, alors cela se fera au nom de sa sécurité.» Pourtant, le Sud, le Sud global, conteste une mémoire dominée par la Shoah et lui oppose celle de la colonisation et de l'apartheid. Un position qui met largement en évidence l'émergence et l'opposition d'un Sud global à l'ordre mondial, établi et dicté par l'Occident.
«Les élites occidentales restent convaincues qu'elles sont le centre de la planète, que la terre est plate et que c'est nous qui définissons les règles», affirme Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire à l'Élysée. Aux Nations unies, quand Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU a affirmé que «l'attaque terroriste du Hamas ne vient pas de rien, mais de 56 ans d'occupation», Israël a demandé sa démission et a déclaré: «Antonio Guterres ne représente pas les membres les plus importants de l'ONU, et certainement pas les États-Unis, l'Allemagne, la France ou la Grande-Bretagne, qui ont soutenu Israël».

Terminologie israélienne
Aucun des pays cités n'a apporté un démenti à la déclaration du représentant d'Israël. Au contraire, on laisse faire le massacre des Palestiniens sous l'oeil de l'Occident quoique des pays arabes, d'Afrique, de l'Amérique latine, d'Asie dénoncent, par la voix de leurs dirigeants et de leurs peuples, un massacre à huis clos, un crime contre l'humanité, un crime de guerre, une colonisation génocidaire en marche de la Palestine. Mais, même la mère présumée des droits de l'homme, la France a, par la voix de son nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, déclaré que «la France ne soutiendra pas les accusations portées par l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice». Ajoutant: «Les mots ont un sens, accuser l'entité sioniste de génocide, c'est franchir un seuil moral». De quelle moralité parle le ministre français? Le général de Gaulle n'a-t-il pas déclaré au lendemain de la guerre des six Jours: «Nous reconnaissons l'entité sioniste, mais nous ne pouvons pas avoir des relations normales avec Israël tant que les territoires palestiniens ou arabes sont occupés»! Et depuis, tous les gouvernements successifs français ont suivi la même devise excepté ceux d'Élisabeth Borne et de Gabriel Attal, qui, eux, piétinent la ligne gaulliste de la France.
Sans prise de distance et sans analyse des faits, les médias occidentaux empruntent la terminologie de l'armée israélienne: «Le droit de se défendre», «frappes ciblées ou méthodiques», «opération contre le terrorisme», «guerre contre le Hamas», «dommages collatéraux»... Se prennent-ils pour les porte-paroles de l'armée israélienne? Cependant des éléments sont exclus du discours médiatique occidental: bombardements, pilonnages, destructions d'infrastructures de vie, attaques, invasion terrestre, nettoyage ethnique, tueries de civils, crime de guerre, crime humanitaire... tout cela subi par les Palestiniens, depuis le 7 novembre dernier.
Pourtant l'opinion publique internationale et les organisations onusiennes condamnent la folie criminelle du gouvernement israélien à Ghaza et en Cisjordanie et l'accusent de génocide, de nettoyage ethnique, de crime de guerre et humanitaire.
L'honnêteté intellectuelle que réclame le métier de journaliste, celle qui est censée établir et rapporter des faits, enquêter et analyser objectivement, cette honnêteté intellectuelle n'est plus de mise aujourd'hui en Occident. Que se passe-t-il? L'enjeu n'est plus la vérité. Mais celui de raconter une histoire qui plaise. Des bataillons de généraux et anciens chefs de missions militaires en retraite, et un tas d'anciens cadres d'État, d'experts, d'intellectuels, d'artistes et éditorialistes...défilent sur les plateaux des télés à info en continu, en accusant unanimement le Hamas de terrorisme et d'être responsable de ce que subissent les Ghazaouis. Par contre, toutes les voix discordantes, même si crédibles et compétentes sur la question palestinienne, sont réduites au silence ou accusées d'apologie du terrorisme ou d'antisémitisme. Les tsunamis humains, qui envahissent les rues de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, des États-Unis... de l'Occident en général, sont occultés et ignorés. Sommes-nous à la nouvelle ère des Médias?
Ces nouveaux cowboys de la sphère médiatique occidentale s'acharnent à expliquer que tous les morts n'ont pas la même valeur. Pour ces médias, les morts palestiniens ne sont que des terroristes, lorsqu'il s'agit de membres du Hamas ou des dommages collatéraux, lorsqu'il s'agit des civils assassinés. Le résultat est la naissance d'un narratif des médias occidentaux décrivant Israël comme une démocratie occidentale menacée par la même menace qui frappe l'Occident, depuis 2001, en l'occurrence, l'islamisme arabe. Décidément, ce narratif établit des portraits humanisant les victimes israéliennes et étrangères, otages et leurs familles: elles ont un visage, une histoire, une humanité.
Tandis que les victimes palestiniennes sont souvent réduites à des additions désincarnées, des caricatures: 23 000, 24 000, 25 000 morts, 62 000 blessés, suivies d'une remise en cause du nombre par des formules suspicieuses: «Selon le ministère de la Santé du Hamas», «selon le Hamas» ou «ce bilan n'a pas été vérifié par une source indépendante».
La mainmise du sionisme international sur les médias agit comme un écran de fumée, empêchant une expression différente de celle que développe la doxa dominante dans cette partie du monde. Sur les plateaux des télés occidentales, c'est l'ouverture des plaidoiries pro Israël, la règle est claire: «Êtes-vous d'accord que le Hamas est une organisation terroriste ou pas?» Le monde de l'édition n'a pas été épargné. L'éditeur Fayard a retiré des ventes l'un des plus importants travaux de recherche sur le «génocide progressif» mené par l'entité sioniste, Le nettoyage ethnique de la Palestine de l'historien Ilan Pappé. Désormais, cet ouvrage ne peut plus être commandé par les libraires sur les sites de commande destinés aux professionnels du livre.

Nettoyage ethnique
Le tribunal médiatique occidental est sans appel. Refuser de désigner le Hamas comme «Organisation terroriste» constitue déjà un chef d'inculpation pour «apologie du terrorisme» ou «défenseur de l'antisémitisme». Gare aux journalistes qui ne feront pas dire à leurs invités que le Hamas est une organisation terroriste et qu'Israël est dans son droit absolu de se défendre.
Le général de Gaulle avait raison: «Israël a attaqué, maintenant, il organise sur les territoires qu'il a pris une occupation qui ne peut aller sans oppression, répression et expulsion, et il se manifeste contre lui (Israël) la résistance qu'il qualifie de terrorisme». En fait, les Occidentaux sont passés de l'ère des médias d'information à ceux des médias de communication.
L'information est toujours neutre, la communication est toujours orientée et intéressée, car procédant d'une stratégie intégrant des cibles. D'ailleurs les métiers de la communication emploient les mêmes termes que la guerre. Et pour cause, elle en est l'un des enjeux. L'un des biais de cette transformation est l'apparition de «l'infotainment», qui prétend mélanger l'info et l'entertainment (distraction).
L'hyperconcentration des médias entre les mains de quelques grands patrons accentue ce passage de l'information à la communication. Ces grands patrons n'ont même pas besoin d'intervenir, car même sans leurs consignes, les rédactions s'autocensurent et déroulent le discours attendu. La post-modernité où vivent les sociétés occidentales privilégie le storytelling au journalisme. Les Occidentaux sont à l'ère de la post-vérité, de l'opinion reine. En particulier quand il s'agit du conflit israélo-palestinien. Il est à présent clair qu'ils sont dans un narratif (un vrai storytelling) imposé au forceps par des éléments de langage distribués aux journalistes comme naguère on les distribuait aux politiques.
En communication, la réputation naît de la répétition. Les salles de rédaction se contentent de répéter sans relâche le même narratif. Cette communication permet au soft power israélien et à ses lobbyistes de construire un axe qui doit engager chaque Occidental dans le soutien inconditionnel à Israël. Pour résumer, l'Israélien est notre prochain, il est notre «frère» de condition. Le Palestinien est en conséquence «notre ennemi, celui qui nous menace». L'Israélien se bat «pour nous, pour notre modèle occidental».
Un modèle qui auto revendique une morale humaniste en toutes circonstances, même pour coloniser, on prétend alors qu'il s'agit d'une mission civilisatrice; même pour massacrer et bombarder des civils, on prétend alors qu'il s'agit de se protéger. On comprend que l'on ne peut parler de crimes de guerre quand il s'agit d'Israël. Mais du droit de se défendre, du droit de riposter, de procéder à des frappes ciblées, etc.
Depuis les procès de Nuremberg, l'Occident a toujours pris soin de revendiquer le droit et la morale pour mener ses guerres. En 2003, les USA ont nourri leur ressenti de Jacques Chirac car ce dernier ne les a pas seulement empêchés d'avoir le droit pour eux.
Il les a aussi et surtout empêchés d'avoir la morale d'une guerre juste devant l'Histoire lors de l'invasion de l'Irak. Vous souvenez-vous, en 2003, du narratif / storytelling américain autour de l'axe du bien, du mal.
On croyait revenu le temps des Croisades. Aujourd'hui, Israël se revendique de la Lumière, car l'autre ne peut être que le barbare, l'incivilisé, qui nous menace comme naguère Attila menaçait Rome. Les Occidentaux devraient se souvenir que Rome a fini par tomber. Et sa première défaite, fut morale.

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