Belkhadem abat son jeu

Après la rencontre des cadres du FLN de cette fin de semaine, chacun désormais joue à visage découvert. Entre les redresseurs «ultras» et les pro-Benflis indésirables, le compromis s´est avéré impossible à trouver. C´est pourtant ce à quoi a oeuvré le «diplomate» Belkhadem pendant près d´une année avant d´y renoncer à son tour et de se décider à aller au pas de charge vers le 8e congrès, dit rassembleur, et tant pis pour les «flémards».
Il ne fait aucun doute, aux yeux du leader incontesté de ce parti dans la tourmente, que les enjeux ont trait à la très prochaine campagne référendaire en faveur de l´amnistie générale, que compte lancer le président dès le milieu du mois prochain, a-t-on pu apprendre de sources concordantes. Belkhadem, conscient que le FLN est en train de jouer ses dernières cartes à la faveur du prochain remaniement de l´échiquier politique national, a clairement signifié que «l´enjeu présent est la réconciliation nationale». C´est pourquoi le premier parti du pays a accéléré la cadence, se montrant résolu coûte que coûte à tenir son congrès bien avant le commencement de la campagne électorale. Une véritable course contre la montre est ainsi engagée puisqu´il nous est indiqué, de sources proches de Belkhadem, que «l´ensemble des wilayas ont tenu leurs assemblées générales, réussissant à réconcilier entre eux les coordinateurs et les mouhafedhs». Dans la foulée, les documents de base du congrès, concoctés par les trois commissions nationales mises en place dans ce but, ont tous fait l´objet d´un débat plus ou moins enrichissant et passionné avant d´être transmis à qui de droit. Toutes ces commissions, donc, s´apprêteraient à tenir des assemblées générales électives en vue de désigner leurs congressistes. Ceux-ci, ne l´oublions pas, seront un peu plus de 5000. Un parti comme le FLN, présent dans les endroits les plus reculés du pays et qui compte près d´une dizaine de milliers d´élus, a besoin de prouver sa force en tenant des assises à la mesure de sa force. Les invités de marque seront également de la partie, nous dit-on, puisque y seront conviés tous les «anciens» Flnistes qui ne se sont pas fourvoyés dans d´autres formations politiques. Il en est ainsi pour Abdelhamid Mehri, Mouloud Hamrouche et même Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, apprend-on de sources proches de la direction du FLN, dans le cas où il répondrait favorablement à l´invitation, se verrait proposer le poste de président, introduit dans les nouveaux statuts. Mais, dans le cas contraire, ce poste nouveau serait supprimé.
Toujours est-il que le FLN, à travers sa décision de tenir son congrès dans les deux ou trois semaines à venir, est carrément en train de jouer son va-tout puisque, en cas d´échec de Belkhadem, c´est le RND, dont le secrétaire général contrôle déjà le gouvernement, qui prendra automatiquement la tête des «campagnards» en faveur de l´amnistie générale, en attendant de confirmer sa «suprématie» lors des élections législatives et locales prévues dans un peu plus de deux ans. Les paris sont ainsi ouverts alors que le FLN, une fois de plus, une fois de trop sans doute, se trouve à une croisée décisive des chemins.