EN JUGEANT INUTILE LA CRÉATION D’UNE OPEP DU GAZ
Belkhadem se démarque de Bouteflika
«Il ne faut pas rejeter l’idée a priori. Elle mérite d’être examinée et discutée entre tous les intéressés», avait souligné le président de la République.
Le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, ne voit pas l´utilité de la création d´une organisation gérant le secteur gazier.
Invité, samedi soir, par la chaîne de télévision libanaise El Manar, ce dernier a attesté que ce qui s´applique au pétrole ne saurait être copié pour le gaz. Et pour cause, «il y a divergence de fond au sein des producteurs de cette ressource. Le marché connaît aussi une concurrence déloyale qu´ aucune organisation ne serait apte à contrôler» dira-t-il. Belkhadem ne s´arrêtera pas là, il soutient qu´une Opep du gaz dévoilera au grand public les désaccords souvent couvés. Cette sortie médiatique intervient à huit jours de la tenue du Sommet de Doha au cours duquel devrait être annoncée la mise en place de l´Opep du gaz, à en croire les Russes. Après avoir rejeté la proposition, chapeautée faut-il le rappeler par les deux présidents russe et iranien, l´Algérie, par la voix du président de la République, avait déclaré, en termes à peines voilés qu´elle était favorable à la création de l´Opep de gaz. «Il ne faut pas rejeter l´idée a priori. Elle mérite d´être examinée et discutée entre tous les intéressés», avait souligné le président. Ce qui avait obligé le ministre de l´Energie et des Mines, Chakib Khelil, à modifier son opinion. Néanmoins, en jugeant inutile la création d´une Opep du gaz, le chef du gouvernement se démarque des positions du président Bouteflika. Ainsi, par cette sortie médiatique, Abdelaziz Belkhadem met à jour les divergences qu´entretiennent les deux hommes, notamment après le fait que le chef de l´Etat n´ait pas voulu rendre publique la date du référendum relatif à la révision de la Constitution. Sur un autre plan, apostrophé sur le retour de la violence en Algérie, Belkhadem a écarté tout lien entre la dernière recrudescence et le procès de la Banque El Khalifa. Quant aux personnes impliquées ou citées par le tribunal, brièvement, Belkhadem affirme qu´il n´éprouvait aucune compassion pour ces personnes. Une façon de dire que «la loi est au-dessus de tous».
Au plan international, Belkhadem a souligné que «l´Algérie ne peut pas jouer le rôle du policier au profit de l´Europe», en référence à l´immigration clandestine. Aussi, l´invité de la chaîne libanaise «El Manar», a exhorté ce continent à assumer sa part de responsabilité
«Les jeunes Africains transitent par le Sud algérien en quête d´une vie meilleure. Nous avons demandé à nos partenaires en Europe d´envisager des aides financières pour les pays pauvres en vue de stabiliser l´immigration illégale.» Par ailleurs, l´orateur a fait savoir que nombre d´immigrants du continent noir viennent en Algérie pour s´y installer, et ils sont les bienvenus. «Nous ne pouvons les traquer tous.» Abordant la coopération algéro-européenne, Abdelaziz Belkhadem a attesté que l´«Algérie entretient de très bonnes relations avec l´Europe», minimisant la dualité américano-européenne, de plus en plus pressante ces dernières années, en ce qui concerne l´Algérie. «Notre pays n´est ni à vendre ni à hypothéquer» a-t-il souligné. Pour étayer ses propos, il a rappelé que la visite de la secrétaire d´Etat américaine, Condoleezza Rice, s´inscrit dans le cadre d´un partenariat politico-économique basé sur les intérêts bilatéraux. Quant aux relations bilatérales avec la France, Belkhadem a réitéré que le traité d´amitié avec ce pays est conditionné par la «reconnaissance des crimes commis contre notre peuple pendant plus d´un siècle». Ce traité est-il remis en cause? L´orateur s´est montré très peu prolixe sur cette question; il a soutenu, néanmoins, que l´Algérie ne cherche pas la confrontation. Sur le plan régional, Belkhadem a affirmé que l´Union du Maghreb arabe n´ est pas gelée: «Je suis étonné de constater que personne n´ évoque jamais les réunions des commissions techniques qui ont, elles aussi, un rôle très important à jouer pour dynamiser ce pôle». A ce propos, le chef du gouvernement rappelle que seul le Sommet des chefs d´Etat est ajourné depuis 10 ans. Et «c´est loin d´être à cause des Algériens» a-t-il soutenu. Anticipant sur la question du Sahara occidental, il a estimé que si le Maroc est sûr de son plein droit sur ce territoire «il n´a qu´à accepter la tenue d´un référendum libre pour permettre au peuple sahraoui de se prononcer sur son avenir». L´Algérie ne cessera pas de défendre la légitimité internationale, «sans intention aucune de déstabiliser le Maroc» a-t-il conclu.