LE CONSEIL DES MINISTRES NE S’EST PAS RÉUNI DEPUIS CINQ MOIS
Ce que cachent ces reports
Le président ne tient pas à faire du conseil des ministres «un rendez-vous hebdomadaire dans lequel il valide les protocoles d’accord internationaux».
La dernière réunion du conseil des ministres remonte à plus de cinq mois sans qu´aucune indication ne soit donnée pour expliquer ces «reports». De source crédible, on a appris que le président de la République réunira le gouvernement dans les prochains jours pour tenir ainsi le premier Conseil des ministres de l´année 2008. Une autre source proche du gouvernement, interrogée par L´Expression confirme, en effet, que le chef de l´Exécutif, M.Abdelaziz Belkhadem, rencontrera ces jours-ci, le premier magistrat du pays pour arrêter la date du conseil des ministres. «Il n´ y a eu ni report ni ajournement du conseil des ministres. Seulement, il faut savoir que le Président rassemble son staff pour examiner des textes de loi. Il se trouve qu´il n´ y en a pas eu beaucoup ces derniers mois», affirme notre source.
Pour notre source, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour expliquer ces reports. «En fait c´est l´incompétence d´un staff ministériel totalement déconnecté de la réalité qui est bien caché par ces reports». Depuis presque six mois,, la principale activité de l´Exécutif est dominée par des querelles entre ministres qui se renvoient la patate chaude. La scène politique retiendra deux principaux «duels»: Djaâboub- Barkat, Haïchour-Temmar.
Un gouvernement usé, déconnecté, ne produisant plus de loi et qui, de plus, se donne en spectacle. C´est ce que cache le report du conseil des ministres.
En outre, selon notre interlocuteur, le report est dû à des raisons purement techniques: «Il n´y a aucune spéculation à faire sur ce dossier. Tout se passe parfaitement au niveau du gouvernement.» Il ajoutera que le Président ne tient pas à faire du conseil des ministres «un rendez-vous hebdomadaire dans lequel il valide les protocoles d´accords internationaux». Effectivement, il est nécessaire de signaler qu´un nombre très important de lois ont été étudiées durant le premier semestre 2007.
Ces dernières ont fait l´objet de débats à l´APN durant la session d´automne, qui a enregistré un record, avec l´adoption de 15 lois. Ces dernières ont touché principalement les secteurs de l´eau, l´aviation civile, la sécurité sociale, les finances, la circulation des étrangers, les finances. Le 9 février, un communiqué de la Présidence annonce que M.Bouteflika a signé des décrets présidentiels portant ratification de quatre accords et d´un protocole internationaux. De pareilles activités interviennent en principe en conseil des ministres. Les observateurs auront perçu un changement, qui ne dit pas son nom, dans le travail de l´Exécutif. Les réunions du conseil de gouvernement sont devenues, depuis quatre mois, un rendez-vous hebdomadaire dans lequel les ministres exposent les bilans de leurs secteurs respectifs.
Ce qui n´était pas le cas auparavant. Et à chaque fois, l´exergue est mis sur l´effort consenti par l´Exécutif pour booster le développement en Algérie. Dans ce sens, le rendez-vous hebdomadaire du gouvernement semble changer complètement d´orientation.
Ces dernières semaines, son action s´est limitée aux communications de plusieurs ministres tels que M.Chérif Rahmani, ministre de l´Aménagement du territoire, de l´Environnement et du Tourisme, sur le schéma directeur d´aménagement touristique, la ministre déléguée chargée de la Réforme financière sur la mise en oeuvre de la réforme financière, le ministre de l´Industrie et de la Promotion des investissements sur le «redéploiement et la restructuration du secteur public marchand», le ministre de la Poste et des Technologies de l´information et de la communication qui a présenté le schéma directeur des services et infrastructures de communication, de télécommunications et d´information. La tendance va aussi vers la tenue d´un conseil interministériel, comme celui consacré à la protection du réseau ferroviaire. Quant au lois examinées, elles ne sont pas nombreuses. L´on citera entre autres, la loi modifiant et complétant la loi n°90-30 du 1er décembre 1990 portant loi domaniale. C´est dire que la session de printemps du Parlement sera moins calme que la précédente. La question est de savoir pourquoi ce changement maintenant? Y a-t-il une volonté délibérée d´alléger l´agenda du Parlement?
La donne de la révision constitutionnelle est-elle prise en considération, sachant, selon des informations concordantes, que le rendez-vous est imminent? Notre interlocuteur affirme qu´il ne s´agit point «d´un changement».
«Le gouvernement travaille sérieusement selon un programme préalablement établi qui ne peut être affecté par un quelconque événement conjoncturel», soutient-il.