RABAH KEBIR LANCE UN APPEL AU GSPC
«Déposez les armes»
Le président de l’instance exécutive de l’ex-FIS réfute la thèse d’allégeance des groupes armés algériens à Al Qaîda.
«Je saisis cette occasion, en votre présence, pour lancer un appel à tous les groupes armés, y compris le Gspc, de déposer les armes et de revenir dans leurs familles», a déclaré, hier, Rabah Kebir lors d´une conférence de presse qu´il a animée à Alger. Dès son retour, Kebir a donné rendez-vous aux journalistes et a répondu à toutes les questions.
Il a réfuté la thèse qui dit que le Gspc est affilié à Al Qaîda. «Il n´y a aucune relation avec le terrorisme international», souligne-t-il. «Je reconnais que certains veulent internationaliser le conflit algérien, en le collant à ce qui se passe en Irak ou en Afghanistan; moi, je m´inscris en faux contre toutes ces thèses». Développant sa conception sur le terrorisme «résiduel» qui sévit encore, il considère que la réconciliation nationale a beaucoup réduit de son espace, en relevant que «certaines parties bénéficiaires de la situation de crise voudraient faire perdurer le conflit».
Kebir s´est longuement attardé sur le thème de la réconciliation. Il estime que les garanties sont l´oeuvre de l´homme où qu´il soit. «Les hommes de bonne volonté sont partout, dit-il, ils sont dans la classe politique, dans les institutions, dans l´armée, dans les services de sécurité, etc».
Il exprime une reconnaissance appuyée au président de la République mais suppose que la réconciliation n´est pas l´oeuvre d´une seule personne. C´est vrai, Bouteflika a beaucoup fait pour faire taire les armes mais les efforts soutenus des Algériens de différents horizons ont participé à concrétiser la réconciliation.
Le retour de Rabah Kebir, dans un moment marqué par l´essoufflement du processus de réconciliation, a été soulevé par les questions des journalistes qui voulaient savoir quel rôle il allait jouer sur le plan politique, si l´ex-FIS allait revenir, si les divergences au sein du courant existaient, s´il allait jouer le modérateur pour assembler les différentes tendances, s´il allait rester longtemps au pays, etc.
Selon l´orateur, l´action politique va se poursuivre, il y a encore des blocages mais ce sont toujours les bonnes idées qui auront le dernier mot. Il lance un appel à tous les Algériens, toutes tendances confondues, aux jeunes surtout, à la réunification pour l´intérêt de l´Etat national.
Kebir revient donc en rassembleur. Il s´adresse d´abord au courant islamiste, très dispersé, l´incitant à dépasser ses querelles de clocher, de travailler dans le sens d´une normalisation de la vie politique, même s´il refuse de donner un avis sur les prochaines élections législatives, puis à la classe politique en l´invitant à faire preuve de maturité pour sortir de la crise en ouvrant une nouvelle page.
Ses détracteurs vous diront que Kebir est venu après un deal qu´il aurait conclu avec le pouvoir pour relancer un parti politique sur les décombres de l´ex-FIS. Il n´exclut aucune thèse et n´en affirme aucune autre. «Je suis venu maintenant parce que j´avais le mal du pays. Vous ne pouvez pas savoir combien je suis content de fouler le sol de mon pays après 14 années d´absence. Quand vous cherchez à tout prix à faire le lien entre mon retour et l´action politique que je vais entreprendre, je peux vous dire que je peux repartir comme je peux rester. Parfois, on est plus efficace à l´étranger qu´ici.
Alors le travail politique se poursuit d´une manière ou d´une autre». Il serait plutôt question de sensibilisation des faiseurs d´opinion et des centres de décision. Kébir ne veut pas précipiter le cours des choses. Il dit suivre attentivement le développement de la scène politique depuis qu´il est en exil mais il veut apprécier la situation à sa juste valeur en étant sur place, en écoutant les différents avis, y compris l´avis de Ali Benhadj qui est venu le saluer à l´aéroport puis à Bouzaréah tout en gardant son point de vue sur la réconciliation pour soi. La situation s´est beaucoup développée, les mentalités ont changé, les certitudes aussi. Kebir veut donner le temps au temps afin de mieux fructifier son retour au pays. Il ne veut pas, non plus, jouer au trouble-fête. Ses fidèles ainsi que les journalistes lui ont réservé un accueil digne des hommes d´Etat. Cela doit lui faire beaucoup de plaisir pour le moment.