ALGER DIT «NON» À CERTAINES EXIGENCES DE L’OMC
«Il y a un seuil à ne pas dépasser»
Prix du gaz, véhicules de plus de trois ans d’âge, subventions des exportations...au total, 96 questions constituent les points d’achoppement entre les deux parties.
L´Algérie fera-t-elle partie de l´Organisation intermondiale du commerce? Comme c´est parti, ce n´est pas si sûr. Car chacune des deux parties campe sur ses positions et pas moins de 96 questions sont encore en attente de réponse. Leur résolution n´est pas pour demain si l´on se fie aux déclarations de El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce. Lors d´un point de presse tenu, hier, au siège de son département à Alger, le ministre a énuméré une armada de points d´achoppement entre les deux parties.
Le premier point de discorde est relatif au prix du gaz industriel pratiqué à l´intérieur du pays. Ainsi, les pays membres de l´Organisation estiment que Sonatrach vend son gaz industriel à perte et demande par conséquent que la Société algérienne augmente les prix du gaz industriel. Ce qui est refusé simplement par la partie algérienne. D´autant plus que des experts dans le domaine ont, selon Djaâboub, affirmé que les prix pratiqués actuellement par Sonatrach génèrent des bénéfices pour la société.
Le deuxième point concerne l´interdiction d´importation des véhicules âgés de plus de trois ans. Ce qui n´arrange pas les affaires des pays membres et à leur tête la France, d´où proviennent 99% des véhicules d´occasion importés auparavant par l´Algérie. «Nous refusons de devenir le dépotoir des véhicules d´occasion de l´Union européenne, qui ne répondent pas aux normes», a-t-il déclaré. Le troisième point est relatif à la subvention du gouvernement algérien aux exportations. Pour les pays de l´OMC, il n´est pas autorisé d´aider les exportateurs et donc cette subvention n´a pas lieu d´être et doit être supprimée. Ce qui est refusé par l´Algérie. D´autres points sont également cités par le conférencier. On peut évoquer le droit de pratiquer le commerce extérieur à toute personne sans résider en Algérie, condition sin qua non posée comme préalable à toute intégration à l´OMC. Cela permet, selon toujours le ministre, à n´importe quel commerçant d´importer en Algérie. Ce qui est refusé bien entendu, par nos responsables. L´interdiction de l´importation des médicaments produits localement, la substitution de la concession à la cession des terres, la cession à moins de 50% du capital des entreprises publiques ouvrables au partenariat avec des entreprises étrangères sont d´autres questions qui préoccupent l´OMC.
Le ministre a indiqué en outre que sur les 96 questions encore pendantes, 66 ont émané des USA et les 33 autres de l´Union européenne. Le Conseil gouvernemental qui s´est réuni le 11 octobre dernier a étudié, selon lui, toutes ces requêtes.
Soulignant que 10 rencontres ont été déjà tenues avec l´OMC, le représentant du gouvernement a indiqué que l´élaboration finale des réponses est à son terme. Elle sera distribuée aux pays membres avant d´arrêter la date de la prochaine rencontre.
Quand l´Algérie sera-t-elle donc membre à part entière de cette organisation? «On accèdera à l´OMC quand les pays membres accèderont à nos revendications et nos doléances», a répondu le ministre en invitant ces pays à comprendre que l´Algérie a consenti déjà beaucoup de sacrifices comme l´ouverture du marché national ainsi que l´adaptation du cadre juridique algérien aux nouvelles orientations du commerce extérieur.