Kadhafi, l’éternel trublion

Chef d´Etat atypique, le dirigeant libyen Mouammar-Kadhafi mérite le titre de trublion par excellence du Maghreb. Après avoir soldé ses «comptes» avec les familles des victimes du crash de Lockerby, achetant leur silence et levant par là même, l´embargo sur son pays, Kadhafi récidive. Cette fois en se faisant passer pour le messie des peuples africains. Inaugurant des infrastructures économiques et culturelles à tour de bras, une manière de fédérer ces peuples à ses idées, le maître de Tripoli, connu par ses sorties imprévisibles, s´adonne ces derniers jours à un exercice qui risquerait de se retourner contre lui. C´est en effet, son initiative de «reconstitution du Grand Sahara»; un ancien projet du colonel, qui répond à des visées purement expansionnistes. Le dirigeant libyen qui a séjourné l´année dernière en Algérie, où il a même été fait docteur honoris causa par l´université d´Alger, n´a décidément pas su mettre à profit cette distinction, en allant naviguer à contre-courant de l´histoire. Car, celui que l´on dit être rompu à l´intrigue et aux manoeuvres, n´hésite pas à aller «provoquer» une plaie trop sensible; celle des tribus touarègues qui ne cherchent qu´une vie décente et refusent d´être mêlées aux manoeuvres sournoises du dirigeant libyen. Pour preuve, le nouvel Amenokal du Hoggar a déclaré récemment que les tribus du Sud algérien ne sont pas concernées par un projet, qui ne vise en réalité que leur division.
Le projet de Kadhafi a été rejeté par le chef du gouvernement M. Ahmed Ouyahia, lors de son passage il y a quelques jours au Forum de l´Entv. En effet, il a déclaré que l´Algérie a continué le combat libérateur pour avoir le contrôle sur l´intégralité de son territoire. Cependant, le fait troublant, c´est cette délégation d´officiels libyens et maliens qui s´étaient rendus récemment à Kidal dans le nord-est du Mali, pour y rencontrer des ex-combattants de la rébellion touarègue.
Au cours de cette rencontre, les ex-rebelles touaregs ont souhaité que leur région puisse obtenir un «statut particulier» pour accélérer son développement, a déclaré un responsable de l´ex-rébellion contacté par l´AFP. Dans la même foulée, les Libyens ont annoncé leur décision de «remettre sur les rails deux projets économiques dans le nord du Mali: une usine de phosphate à Bourem (région de Gao, au sud de Kidal) et une usine de fabrication de plâtre à Tessalit, au nord de Kidal».
Il convient de rappeler que le dirigeant libyen, faisant sans doute allusion aux manoeuvres militaires américaines dans la bande sahélo-saharienne, avait affirmé lors de sa visite au Mali: «Nous ne devons laisser à personne nous arracher notre Sahara qui fait l´objet de beaucoup de convoitises.» Pour lui, les peuples du Sahara ont l´obligation de réécrire leur histoire pour leur sécurité et leur indépendance.
Le Guide libyen Mouammar Kadhafi a lancé un vibrant appel aux peuples et dirigeants africains à défendre le Sahara, pour que cette vaste étendue de terre ne tombe entre les mains des Occidentaux, en particulier les Américains suspectés de vouloir y installer des bases militaires.
C´est ce qui explique son idée de mettre en place la charte de Tombouctou dans la perspective de la reconstitution du Grand Sahara. Ce n´est pas la première fois que le dirigeant libyen joue les trouble-fêtes.
On l´a remarqué lors des sommets arabes d´Alger et de Beyrouth et ses tentatives de faire avorter à chaque fois les sommets de l´UMA.