LE PRESIDENT CONFIRME LES ENQUETES
La «mafia du bâtiment» vit ses derniers moments
Diligentées sur insistance du chef de l’Etat lui-même, elles doivent incessamment faire tomber des têtes.
Jeudi, en Conseil des ministres, le premier magistrat du pays a officiellement confirmé l´existence d´enquêtes relatives aux agissements criminels de la mafia du bâtiment.
Le communiqué rendu public à l´issue de cette réunion ne laisse planer aucun doute sur la question. «Le Président (...) a instruit le gouvernement afin que les enquêtes engagées quant aux éventuelles malfaçons dans les constructions détruites ou endommagées par le séisme, aboutissent à chaque fois que des faits mènent à la présomption de violation de la législation et de la réglementation en vigueur, devant la justice qui aura à les connaître et à les trancher.» Cette annonce rejoint en grande partie les informations déjà rapportées par notre journal dans des éditions précédentes, faisant état d´équipes d´experts, secondés par des éléments du génie militaire, dépêchés sur le terrain par le Président de la République, afin d´enquêter sur des habitations tant individuelles que collectives de fabrication récente qui se sont écroulées comme des châteaux de cartes alors que dans le même temps des bâtisses séculaires et d´autres récentes, se trouvant près des premières n´ont subi aucun dommage. Des documents accablants, fournis par les services concernés, notamment la douane et certains Opgi, impliqueraient de gros importateurs de rond à béton et de divers autres matériaux de construction, mais aussi certains hauts responsables aux niveaux des Duch (Directions de l´urbanisme et de la construction). Des mesures conservatoires d´urgence auraient même été prises, telles que des interdictions de quitter le territoire pour certains d´entre eux ainsi que le gel momentané de leurs comptes bancaires publics et privés en attendant que la justice les inculpe officiellement et qu´ils soient très probablement placés en détention préventive. Le monde entier, qui garde les yeux rivés sur notre pays, sait que ce test déterminera le niveau d´indépendance de notre justice et la volonté politique véritable des décideurs d´éviter, à l´avenir, que de pareilles catastrophes ne se reproduisent en châtiant de manière exemplaire ceux qui en sont les indirects responsables. C´est pourquoi, du reste, le chef de l´Etat, précise encore le communiqué, a instruit le gouvernement pour suivre de près l´exécution diligente du programme de reconstruction et de réhabilitation tout en veillant au respect des normes et de la qualité des ouvrages. «En même temps, les normes antisismiques appliquées dans la construction doivent être revues et faire l´objet d´une stricte application sous peine de sanctions sévères», a ajouté le chef de l´Etat. Il a, en outre, saisi cette occasion douloureuse pour ordonner au gouvernement la révision du plan Orsec national afin de l´adapter à la lumière des leçons qui doivent être tirées de cette catastrophe nationale et, dans le même temps, de dégager un nouveau mécanisme de soutien à l´intervention des secours, dès lors que le dispositif en place doit tenir compte de l´évolution des réalités nationales et de l´impossibilité de réquisitionner massivement les moyens du secteur économique public comme en 1980.