«La sécurité a fait défaut»

«Le match a été entamé de manière normale. Puis certains supporters de la JSK ont commencé à nous insulter. Au début, j´ai cru qu´ils s´insultaient entre eux. Plusieurs supporters de l´autre club étaient assis avec nous. Nous étions, en fait, entre deux groupes des leurs. Les nôtres leur ont rétorqué. C´est là que j´ai commencé à avoir peur. Et puis des pierres et des planches ont commencé à nous tomber dessus. Les policiers étaient dépassés. C´est à croire qu´ils ne pouvaient rien faire. Il n´y avait pas un bon service d´ordre. La sécurité a fait défaut. La première mi-temps s´est terminée par un nul, mais les pierres n´ont pas cessé pour autant de pleuvoir sur nos têtes. A la reprise de la seconde mi-temps, c´est devenu insupportable. Les supporters du Mouloudia ont alors défoncé les grillages et investi le terrain. Nous n´avions pas le choix. Un jeune supporter du MCA, 16 ou 17 ans, a été blessé par un couteau. Hannachi est intervenu en faisant rentrer les joueurs aux vestiaires. C´était la pagaille générale ! Des policiers ont même gardé des jeunes au Central de Tizi Ouzou pour les protéger des autres jeunes de la région. Ils n´ont été relâchés que ce matin (hier, NDLR). Moi je suis resté dans les tribunes et je n´ai pas été touché. J´ai su comment me comporter en pareil cas et j´ai heureusement des amis qui m´ont pris en charge. Il y a des ouled familia partout vous savez! A la fin du match, des supporters de la JSK ont envahi le terrain. Les CNS sont arrivées et ont protégé les joueurs des deux clubs ainsi que leurs dirigeants. Ils ont commencé à arroser le terrain avec leurs lacrymogènes. J´ai eu les yeux enflés et des démangeaisons sur tout le visage. C´était affreux ! Le retour vers Alger était très difficile. Je ne suis rentré qu´aux environs de 19 heures. Beaucoup de mes copains ont passé la nuit sur place et ne sont rentrés que le lendemain. La plupart ont été blessés. Mais heureusement que les supporters du MCA ne sont pas allés en grand nombre comme l´année dernière.»

Le visage porte encore des traces de fatigue. Le ton est ému. L´attaquant Dob n´est pas encore remis de ses émotions.
«Dès le début de la partie, certains supporters de la JSK n´ont cessé de nous jeter des pierres. J´avais déjà le pressentiment que la fin du match n´allait pas bien se passer. A la mi-temps, ces jeunes ont attaqué nos supporters. On nous a dit que le match allait être interrompu.
L´intervention du service d´ordre a permis de dégager le terrain. Mais les jets de pierres ont continué et nous avons difficilement terminé la partie. Moi-même ai reçu une pierre à la nuque et suis resté vingt minutes évanoui. A la fin du match, c´était la catastrophe générale.
On nous a évacués sous les tirs de lacrymogènes et dans le chaos total. Maintenant, j´ai du mal à croire que j´ai pu sortir de là-bas. Je suis toujours sous le choc après ces images. C´est vrai que la sécurité était défaillante. Il faut comprendre qu´avec ce qui se passe en Kabylie, les éléments du service d´ordre ont peur.
Un policier ne peut rien contre un grand nombre de personnes. Je ne retournerai plus à Tizi !»