L’alerte rouge maintenue

Le ministre allemand de l´Intérieur, Otto Shily, a annoncé, mardi soir, lors de la conférence d´automne de la police criminelle fédérale que «le réseau terroriste islamiste international est intact et capable de fonctionner». Loin d´être démentie par les nombreux coups de filet opérés ces dernières semaines dans de nombreux Etats occidentaux, cette annonce confirme au contraire «la densité de ce réseau» patiemment bâti quand l´Europe et l´Amérique du Nord étaient des sanctuaires pour les criminels islamistes tant que ces derniers ne s´en prenaient qu´aux personnes résidant dans des pays comme l´Algérie.
L´Allemagne n´est qu´un parmi les nombreux pays occidentaux qui multiplient les déclarations officielles faisant état de très graves et imminentes menaces terroristes pesant sur leurs citoyens et leurs intérêts. Le FBI, après une traque tous azimuts et des centaines d´interpellations, semble s´être résolu à...donner sa langue au chat. Dans une déclaration de son patron, hier, il est indiqué que les USA «ne savent pas où, ni quand, les terroristes vont frapper». Les seules certitudes de l´Oncle Sam actuellement portent sur l´imminence d´attaques terroristes islamistes de la même envergure que celles du 11 septembre 2001, et sur l´authenticité du dernier message du responsable d´Al-Qaîda, Oussama Ben Laden.
Le 15 novembre dernier, les autorités américaines avaient diffusé un bulletin d´alerte faisant état de risques d´attaques terroristes extrêmement dévastatrices. Depuis, l´alerte en est toujours à son paroxysme sans qu´aucune information solide ait pu filtrer. Si des capitalistes visionnaires tentent de faire leur beurre sur cette situation de non-vie et de non-mort en élaborant des contrats d´assurances types contre...les risques du terrorisme, les Américains, plus pragmatique, et sans doute soucieux d´en profiter pour étendre leur hégémonie sur le restant du monde, viennent de décider, à une écrasante majorité du Sénat, de mettre en place un ministère de la Sécurité intérieure.
Cette nouvelle institution, que beaucoup voient d´un mauvais oeil puisqu´elle risque de remettre en cause une partie des acquis démocratiques des Américains et des ressortissants étrangers vivant dans ce pays, sera très probablement dirigée par l´un des hommes les plus proches du président George Bush, Tom Ridge, son conseil aux affaires de la sécurité intérieure. Dans le même temps, comme un avant-goût à cette nouvelle méthode de gestion des affaires sécuritaires, la justice américaine vient d´autoriser la chancellerie à mettre sur écoute n´importe quel citoyen, qu´il soit étranger ou américain. D´autres mesures de surveillance, que les décideurs se sont bien gardés de détailler, peuvent également être prises dans le secret le plus total.
Cette démarche, dans sa globalité, remet en cause les principes mêmes qui fondent la Constitution américaine et certains de ses plus importants amendements, ce qui représente, en quelque sorte, le revers amer de la lutte contre le terrorisme islamiste, mais aussi le prix à payer contre des années de soutien à ce péril tant qu´il constituait une arme efficace contre «l´ennemi communiste».
En Europe, enfin, la Suède, réfléchit très sérieusement à impliquer son armée dans la prévention et la lutte contre cet ennemi invisible...