«L’Algérie est absente de la stratégie européenne»

Le Dr.Sid Ali Boukrami, économiste et spécialiste de la finance internationale, actuellement DG de l´Institut des techniques douanières et fiscales de Koléa et professeur à l´université d´Alger, a animé une conférence-débat au centre de presse, portant essentiellement sur «L´investissement direct étranger dans les pays du Maghreb».
Le Dr.Boukrami, également consultant à la Banque mondiale a précisé que «ce volet a fait l´objet d´une étude exhaustive présentée à la Banque mondiale». Les politiques nationales d´attraction des investissements directs, les indicateurs et flux financiers, les tendances dominantes, la stratégie des investisseurs, les récipiendaires, les changements structurels, les facteurs attractifs, l´environnement juridico-légal, les turbulences monétaires, le marché des produits dérivés et la régulation ont été au coeur de l´exposé du docteur lequel a fait une comparaison de la situation économique de l´Algérie avec celle mise en application par les Tunisiens et les Marocains.
Sur le volet relatif à la politique d´attraction des investissements et aux indicateurs et flux financiers, l´orateur indiquera que «le ralentissement de la croissance en 2001 et 2003 s´est traduit par une diminution substantielle de l´investissement direct étranger (IDE) dans la mesure où le montant de 1276 milliards de dollars d´investissement en 1999/2000 a été réduit à un niveau avoisinant les 620 milliards de dollars», ajoutant que «pour les raisons évoquées, les flux nets de la dette privée des PVD sont passés de 135 milliards de dollars en 1995 pour devenir négatifs en 2003» précisant que «les investissements directs étrangers qui ont atteint 180 milliards de dollars en 1999 ont été de 143 milliards de dollars en 2002 dans les pays en voie de développement».
A ce titre, l´orateur souligne «la nécessité de nuancer cette approche séquentielle et à établir le rôle déterminant de l´investissement». Pour l´Algérie, le docteur indiquera «qu´une baisse notable a été enregistrée par l´Algérie qui dispose, actuellement de 33 milliards de dollars de réserves de change».
Concernant les tendances dominantes, le conférencier prendra en exemple la Chine qui a enregistré un niveau inégalable de réserves de change qui ont atteint les 400 milliards de dollars aux côtés des quatre pays d´Asie du Sud qui, eux, disposent de 500 milliards de réserves. Il devait expliquer ces chiffres par la dynamique du Fonds de développement international qui dépasse largement les équilibres financiers statiques et se traduit par une concentration des capitaux dans des zones offrant des avantages et des économies d´échelle liés à la dimension de leur marché domestique ou la compétitivité au niveau international.
«L´Algérie figure-t-elle dans la stratégie des investisseurs?» s´est interrogé l´orateur qui a évoqué «une thèse économique initiée par le vice-président des USA, M.Dick Cheney lequel préconise le retour aux concessions (pétrolières et autres), voire le retour des réserves de change», ajoutant que «l´investissement direct étranger est lié à la rentabilité, d´où l´impérative élaboration d´un consensus sur la question». «L´instabilité financière a produit des turbulences qui ont suscité une réticence des investisseurs», dira-t-il ajoutant que «la régulation est un facteur déterminant pour un investissement durable». En filigrane, l´orateur, qui affirma que «l´Algérie ne figure pas dans l´échiquier monétaire européen» préconisera à demi-mots «la mise en place d´un management de coopération dans le contexte de la mondialisation».
En définitive, «l´analyse, en matière d´investissements, se fonde sur la comparaison du rendement au risque avec un souci de diversification» précisant que «ce principe est adapté aux spécificités en accordant une attention particulière à l´environnement juridico-légal».