SOUMIS POURTANT À UNE DISTRIBUTION RIGOUREUSE
Le livre scolaire sur le marché parallèle
Le ministère de tutelle va-t-il ouvrir une enquête afin d’identifier les responsables de cette fuite?
Sans être une importunité contraignante, le fait mérite, en revanche, d´être signalé : des livres scolaires portant la griffe de l´Onps (l´Office national des publications scolaires) se vendent dans les rues d´Alger. Officiellement, ces publications sont soumises à une distribution rigoureuse. Une note ministérielle a signifié à l´Onps de déposer toute sa production au niveau du dépôt d´Aïn Naâdja qui se chargera de la dispatcher aux distributeurs régionaux afin qu´elle soit acheminée, via ses canaux, aux établissements scolaires. Ainsi, il apparaît clairement qu´une brèche est ouverte à l´Onps et a donné lieu à une fuite des livres. A l´Onps, on refuse obstinément de l´expliquer: «On n´a rien à vous dire», nous a-t-on déclaré. Toutefois, le ministère de l´Education reconnaît «la faille» non sans s´en dédommager: «Nous n´avons rien à voir dans cette affaire. Et puis, nous reconnaissons notre incapacité à tout contrôler.»
Ainsi, l´énigme demeure entière: le ministère de tutelle va-t-il ouvrir une enquête afin d´identifier les responsables de cette fuite? M.Boumaâraf, chargé de communication au département de Benbouzid, s´est contenté d´inviter la presse d´attendre «la conférence de presse où nous satisferons toutes vos curiosités». Cela dénote une volonté de la part de la tutelle à ne pas dramatiser une affaire qui, en apparence, ne semble pas «déranger» la rentrée scolaire. Il reste à savoir si ces manuels détournés n´influeront pas négativement sur l´approvisionnement des établissements scolaires. Autrement dit, l´on ne sait pas encore si l´Onps a prévu un surplus de production en vue de parer à toute éventuelle pénurie. Dans le cas contraire, ce sont les parents d´élèves qui se verraient obligés de payer des manuels à des prix exorbitants. Pour l´instant, on ne peut avancer nul constat puisque la vente informelle n´obéit à aucune règle commerciale fiable. Sur ce volet, le ministère a été clair. Les prix sont établis comme suit: pour le primaire, les livres coûteront entre 75 DA et 100 DA; pour le CEM ils varieront entre 75 DA et 265 DA, selon des sources proches de l´ONPS. Mais au-delà des zones urbaines où le manuel scolaire, malgré les déboires, est disponible, le risque d´une pénurie n´est pas écarté dans les régions isolées. Alors, si le souci de l´élève algérois, à titre d´exemple, est le prix, celui de l´élève d´une contrée enclavée est beaucoup plus corsé: il englobe et le coût et la disponibilité. Une difficulté qui a été même évoquée par Benbouzid à l´occasion d´une de ses sorties médiatiques.
Afin d´y remédier, le ministère n´a pas totalement dévoilé son plan d´action. Il s´est confiné à dire que «les difficultés seront surmontées quelle que soit leur complexité». Les milieux scolaires ne demandent pas mieux.