RENCONTRE STRADEMED
Le lobbying prend place
«Cette stratégie n´est-elle pas finalement un habillage de l´Europe dans l´unique but de fixer sur place les populations du sud de la Méditerranée?»
Des experts, des universitaires, des cadres de la Fonction publique, et décideurs du monde méditerranéen se réunissent du 6 au 14 mars à l´hôtel El-Aurassi sous l´initiative de Strademed.
Cette troisième session, qui se tient pour la première fois dans un pays du Sud (Alger), sera consacrée à la coopération euroméditerranénne. Intervenant à ce sujet, le professeur Abdelkader Djeflat, coordonnateur du réseau Maghtech (Maghreb technologie), a expliqué que la corbeille sécuritaire a totalement éclipsé les deux autres axes du processus de Barcelone, en l´occurrence les aspects économique et culturel. Ainsi, relève-t-il, «le premier souci des Européens était d´assurer leur sécurité face aux flux migratoires vers l´espace Schengen, lequel souci a été exacerbé après les événements du 11 septembre».
Pour le professeur, les programmes Meda ne sont que du trompe-l´oeil puisque, dit-il, les 3 à 4 milliards accordés dans ce cadre ne représentent au maximum que 14% du budget octroyé aux pays de l´Est. Finalement, la coopération économique avec l´Europe n´a pas fouetté l´investissement. Quant à l´aspect culturel, il note: «On ne peut pas parler de rapprochement culturel puisque le problème de la libre circulation des personnes n´a pas été réglé.»
Toujours à propos de ces budgets, le professeur s´est appuyé sur les rapports de l´Union européenne, selon lesquels le processus de Barcelone n´a pas atteint les objectifs qu´il s´est assignés. Par ailleurs, il a précisé que la question palestinienne a constitué la pierre d´achoppement du processus avant de s´interroger: «Cette stratégie n´est-elle pas un habillage dans le but de fixer sur place les populations du sud de la Méditerranée?»
En outre, cette rencontre vise, selon M.Smaïl Hamdani, président de l´Association algérienne des relations extérieures et ex-Chef du gouvernement, à «intégrer les deux visions du Nord et du Sud et d´éviter ainsi une élaboration unilatérale sous forme d´un contrat d´adhésion». Une façon de se constituer en lobby à même de persuader les décideurs européens pour une meilleure prise en charge des problèmes des pays du sud de la Méditerranée.
Un créneau, par ailleurs, porteur, quand on sait que les Américains ont financé et soutenu l´activité d´universitaires et de prestigieux instituts de recherche (Héritage Foundation, Américan Entreprise Institute, Cato Institute) pour convaincre le monde des vertus de la mondialisation.