Le Maroc au pied du mur

C´est un grand coup de diplomatie et une leçon d´humanisme que la Rasd (République arabe sahraouie et démocratique) a infligés au Maroc, avec l´aide de l´Algérie et de la Libye, en procédant, sans condition, à la libération de 300 détenus de guerre. C´est à la suite d´une conférence de presse conjointe animée à Alger par le président sahraoui et l´envoyé spécial du chef de l´Etat libyen que l´annonce de ce geste de bonne volonté a été faite. Les prisonniers, pris en charge par la Croix-Rouge internationale, ont été transportés, hier soir, à bord de deux avions de la Cicr à partir de Tindouf à destination du Maroc. Ces officiers, sous-officiers et gens de troupes, emprisonnés, pour certains, depuis une vingtaine d´années, ont été reçus par des dirigeants de l´armée royale marocaine.
Le même jour, un appel pressant a été lancé par le Croissant-Rouge sahraoui et le Cicr en direction du gouvernement marocain pour «libérer les détenus sahraouis», emprisonnés, eux aussi, depuis plus de 20 ans dans des conditions inhumaines, selon de nombreux témoignages. Cet appel entre dans le strict respect de la Convention de Genève qui prévoit la réciprocité dans ce genre de questions. Il place le Palais royal dans une position délicate puisqu´il l´oblige, soit à faire des concessions, soit à apparaître sous le véritable visage colonialiste qui a toujours été le sien. Selon de nombreux observateurs, le geste sahraoui, encouragé et soutenu par Alger et Tripoli, a constitué une cinglante réponse aux dernières attaques marocaines contre notre pays, visant à détourner l´attention des vrais débats et à faire perdre de vue au Conseil de sécurité la pressante application du plan Baker prévoyant l´autodétermination du peuple sahraoui dans un délai ne devant pas excéder les cinq années une fois expiré le mandat de 3 mois de la Minurso. Il s´agit aussi de la preuve que les pays du Maghreb peuvent parfaitement travailler en harmonie et dans une parfaite coordination, y compris dans les questions stratégiques et extrêmement délicates. Ce qui prête à penser, pour ceux qui en douteraient encore, que c´est le Maroc, et uniquement lui, qui bloque le processus d´édification de l´UMA.
Les relations entre Alger et Rabat ont connu un brusque pic de tension ces derniers jours, avant ce geste de bonne volonté sahraoui.
L´ambassadeur marocain s´était fait convoquer pour s´expliquer sur de prétendues velléités territoriales en Algérie défendues par une formation politique, relayée par des médias locaux et secrètement encouragées par le Palais royal. Notre chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem, a promis une conférence de presse à ce sujet dans les tout prochains jours.