LE MINISTRE DES FINANCES À PARTIR DE TIARET
«Le succès de la réconciliation dépend de l’équité sociale»
Il s’agit d’un changement de ton inédit chez le grand argentier du pays.
Peut-on parler de réconciliation nationale quand une frange de la société vit en dessous du seuil de pauvreté? La réponse est «non». Et cela, le grand argentier du pays l´a bien compris et l´approuve même. «Le succès de la réconciliation nationale passe par une répartition équitable des richesses des ressources et par un développement équilibré à travers l´ensemble du territoire national», a souligné Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances. Intervenant au cours d´une conférence sur «le développement régional dans l´économie nationale» animée, samedi, à la faculté des sciences humaines et sociales de l´université Ibn Khaldoun de Tiaret, le ministre a reconnu, en filigrane, l´existence d´un déséquilibre dans le partage des ressources ou en d´autres termes, la rente ne profite qu´à une infime partie de la société. Une lapalissade! De ce fait, la réussite de la réconciliation nationale, chère au président de la République, dépend de l´application des lois et règlements, de l´efficience du gouvernement ainsi que de la transparence dans la gestion des ressources et des richesses. Cette sortie du représentant du gouvernement, un cartésien né, confirme, une autre fois, la partialité dans la gestion de la rente longtemps dénoncée par l´Algérie profonde. Aussi, pour parachever le processus de réconciliation nationale, il est impératif de renforcer la cohésion sociale dans tous ses aspects. Ainsi, le ministre des Finances a lié la réussite de la réconciliation nationale à un investissement équitable sur l´ensemble des wilayas du pays. Ce qui permettra de créer des opportunités d´emplois. La promotion du développement régional dans la distribution de l´activité économique et des services afin de combler les disparités existant entre les régions dont certaines concentrent plusieurs investissements alors que d´autres ne disposent que du strict minimum à un moment particulier où 10 wilayas du pays souffrent d´un grand retard, est l´autre défi que l´Etat s´est fixé. Cette situation est générée, selon le ministre, par l´éloignement des centres de contrôle, d´orientation et de suivi mais aussi par l´instabilité de l´encadrement et surtout la mauvaise gestion qui n´a même pas épargné une société modèle telle que Sonatrach. Pour résoudre cette situation, le ministre appelle à un dialogue social local regroupant l´administration, les assemblées élues et l´université pour définir les contours d´une stratégie de développement prenant en compte le facteur humain et les idées. Rappelant que l´Etat a consenti une forte enveloppe budgétaire à la relance économique, le ministre a néanmoins averti que «la situation actuelle nous dicte de parvenir à une économie basée sur des substituts des hydrocarbures qui ne constituerait pas une charge pour le Trésor public» avant d´annoncer au passage que 60% des investissements, réalisés à ce jour, sont le produit de l´Etat. Dans le but de garantir l´autosatisfaction et une indépendance vis-à-vis des hydrocarbures, il indiquera qu´aujourd´hui la nécessité est de développer le secteur de l´agriculture et du tourisme ainsi que l´exploitation du progrès technologique. Ce qui, de l´avis du ministre, impose un recours à un partenariat entre le secteur économique et la recherche scientifique afin de définir des industries de transformation. Par ailleurs, M.Benachenhou a invité les responsables locaux à présenter des plans de développement clairs soulignant que «le rôle du gouvernement est d´organiser et de garantir les financements des programmes retenus». En conclusion, le ministre a rappelé la nécessité de combattre la mauvaise gestion et la dilapidation des deniers publics qui ont conduit l´Etat à verser plus d´un milliard de dollars pour combler les déficits des entreprises publiques et à envisager le versement de 5 autres milliards de dollars, représentant un ancien déficit et non un nouvel investissement.