ILS VIVENT DANS UNE PRÉCARITÉ EXTRÊME
Les damnés d’Alger
Les habitants des bidonvilles rêvent toujours d’une vie un peu plus décente.
Son nom est Fatima. Son statut, femme divorcée et mère de quatre enfants. Son adresse, une tente de fortune quelque part à Alger-Plage, (Bordj El Bahri). «Nous habitions dans les bidonvilles près de Bobillot. En 2003, nous avons déménagé dans le cadre d´un programme de relogement», raconte-t-elle. C´est en avril dernier que son calvaire a commencé.
«Nous avons été expulsés des chalets dans lesquels nous avons été placés (provisoirement), et on se retrouve aujourd´hui dans la rue à Bordj El Bahri», explique-t-elle. Ammi Ahmed fait lui aussi partie de ces «damnés» d´Alger. Avec quatre enfants et leur mère, il «végétait» dans un taudis sis dans une banlieue à Alger.
Il s´est vu reloger dans un chalet dans la commune d´El Marsa en 2003, dans le cadre d´une opération de relogement. Il croyait en la fin d´un supplice qu´il a enduré pendant des années. Il s´est rendu compte que ce n´était que le début d´un autre.
En effet, l´option des chalets devait être momentanée... Elle «a duré finalement près de sept ans», regrette-t-il dans une lettre ouverte envoyée à la presse nationale. Pourtant, en 1992, ce dernier disposait bien d´un logement à Bougara (ex-Rovigo) de Blida. Un endroit qu´il a dû fuir après la montée de l´islamisme. «On nous a menacés...», indique-t-il.
«Lors du relogement, mon nom a été rayé de la liste sous prétexte que je disposais d´un appartement à Blida», raconte-t-il. Après avoir effectué quelques investigations, ce quinquagénaire découvre que la maison qu´il habitait a été occupée par un certain Y.H. Autre détail, la demeure en question était toujours louée en son nom. «Je n´ai bénéficié d´aucune aide de la part de l´Etat. Diabétique, je suis actuellement à l´hôpital Mustapha-Pacha. Ma famille vit dans un parking dépourvu de conditions de vie les plus élémentaires», se désole-t-il.
L´amertume et la souffrance des Fatma et des Ammi Ahmed sont encore plus grandes en ce début d´hiver glacial. Un petit tour dans les grandes artères de la capitale pourrait donner à chacun un aperçu de cette misère endurée en silence. Ils sont des centaines à errer, en haillons, dans les grands boulevards d´Alger. Pour passer la nuit, ils squattent un trottoir, ils se débrouillent quelques cartons pour se couvrir.
«On ne sait plus quoi faire et à quelle institution s´adresser», tonne Malika, une femme de ménage, vivant dans un bidonville dans la commune de Kouba. Et d´ajouter: «On ne demande pas grand-chose...juste un toit».