INTERWILAYAS DES ÂRCHS À BÉJAÏA
Les délégués craignent l’hostilité de la population
La tendance générale, qui s’est dégagée des débats, tend plutôt vers le maintien de la pression sur le pouvoir par des actions responsables, réfléchies et pacifiques, jusqu’à la satisfaction de la plate-forme de revendications d’El-Kseur.
Réunis ce week-end à Béjaïa, les délégués de huit wilayas (Alger, Bouira, Tizi Ouzou, Djelfa, Bordj Bou-Arréridj, Tipasa, Boumerdès et Béjaïa) ont, après un large débat, retenu à l´ordre du jour de ce conclave extraordinaire deux points: le bilan et l´analyse des actions du 5 octobre dernier et les perspectives du mouvement citoyen. Abordant le premier point, les intervenants ont qualifié la marche et la grève du 5 octobre de «réussite médiatico-politique». Pour les animateurs du mouvement citoyen, «l´interdiction de la marche est une preuve tangible de l´illégitimité des négociations». Pour eux, «le mouvement a atteint un stade exigeant la réflexion autour de nouvelles perspectives pour faire aboutir les revendications».
On relève, par ailleurs, le renouvellement de «l´exclusion de toute idée de négociation ou de dialogue».
Abordant les négociations qui ont eu lieu, récemment, avec le Chef du gouvernement, les délégués ont relevé «le caractère clandestin de cette rencontre, la nécessité de vérifier et de confirmer l´identité des personnes négociatrices, de défier le gouvernement à rendre publics les noms des participants» et condamné unanimement «les personnes ayant participé, de près ou de loin, à cette rencontre». Et afin de mettre en garde d´éventuels négociateurs, il a été décidé «la mise en quarantaine des négociateurs identifiés officiellement par le mouvement».
Les représentants de l´interwilayas ont réaffirmé «le boycott des officiels, notamment les walis chargés par le Chef du gouvernement de recevoir et de prendre en charge les familles des victimes» et appelant les coordinations locales «à multiplier les actions de soutien et de solidarité avec les familles des martyrs et des blessés».
A l´heure où nous mettons sous presse, les délégués continuaient à débattre du second point. La saisine des instances internationales, la marche populaire à Ighil Imoula le 1er novembre prochain, et la pétition nationale de soutien au mouvement, sont d´ores et déjà retenues en attendant d´autres actions.
L´explication des revendications est l´une des propositions qui reviennent souvent dans les interventions. Elle constitue, selon les délégués, la première étape menant vers la conférence nationale sur le mouvement qui sera ouverte aux partis et personnalités proches du mouvement. De l´avis général, celle-ci est considérée comme l´unique issue. Se référant au caractère pacifique du mouvement, les délégués ont tous rejeté les actions de radicalisation proposées par certains animateurs. La peur de provoquer l´hostilité de la population semble être prise en compte par les délégués. Même si les initiatives du pouvoir concernant le dialogue sont rejetées par la population, il n´en demeure pas moins qu´elle est dans sa majorité favorable au dialogue serein et responsable pour sortir de l´impasse.