AÉROPORT ABANE-RAMDANE DE BÉJAÏA
Les enjeux sont ailleurs
L’amélioration de la situation sécuritaire laissait entrevoir l’espoir d’une relance économique.
Après une éprouvante et tragique période ayant suivi les événements du Printemps noir 2001, lesquels ont largement contribué à la régression économique de la région, le simple citoyen espérait un petit coup de pouce des autorités centrales au redécollage de l´activité économique au niveau de la région.
Les élections partielles de 2004, premières du genre en Algérie, devaient être ce tournant décisif devant permettre à la région de retrouver un air de stabilité politique, seule à même de garantir un développement économique Dans ce sens, le directeur de la planification et de l´aménagement du territoire ( Dpat) a souligné, dans son intervention lors d´une réunion de travail, «la volonté de l´Etat de concrétiser une dynamique de croissance économique, la promotion du développement durable et l´amélioration du cadre de vie des populations», mais déplore «l´insuffisance de la phase de maturation de ces projets, ainsi que la mauvaise estimation de leurs coûts», induisant généralement des réajustements souvent importants par rapport à la réalité financière du marché. De son côté, le ministre de l´Intérieur et des Collectivités locales, Nourdine-Yazid Zerhouni, avait déclaré: «Une dotation de 78 milliards de dinars a été également allouée à la Kabylie, au titre du programme quinquennal d´équipement, allant de 2005 à 2009».
«On a beau parler des sommes importantes allouées à la région pour son développement, il n´en demeure pas moins que si l´on veut réellement une bonne gouvernance, il faut qu´il y ait volonté politique et décentralisation», a déclaré pour sa part le président de l´APC de Darguina. L´imminente fermeture de l´aéroport Abane-Ramdane de Béjaïa vient ainsi casser l´élan entamé au lendemain des partielles. La raison invoquée a trait aux travaux portant réfection de la piste d´atterrissage. Néanmoins, les raisons sont ailleurs. Une telle décision, irréfléchie, ne ferait qu´envenimer la situation déjà mal en point. En outre, la fermeture de l´aéroport Abane-Ramdane ne fera qu´enclaver davantage la région. Toutefois, cette décision n´est point dénuée d´arrière-pensées politiciennes et régionalistes. En effet, il suffit de se poser la question de savoir à qui profitera la fermeture de l´aéroport de Béjaïa pour comprendre les enjeux d´autant qu´à première vue, il n´existe aucune raison valable de fermer l´aéroport.
M.Kerouche, directeur de l´Egsa a précisé que les travaux de réfection ne nécessitent pas une fermeture et qu´ils peuvent être accomplis à tout moment sans pour autant gêner le trafic aérien. Ce qui laisse croire qu´il y a une volonté délibérée de briser le développement économique de la wilaya. Béjaïa, dépourvue de grands projets, tire ses ressources le plus souvent de l´afflux des émigrés et des touristes. Alors fermer l´aéroport revient à priver la région de toutes ses sources fiscales.
Cette thèse trouve son argumentaire dans les faits. Il suffit de se rappeler la délocalisation de la raffinerie de Sonatrach, à Aïn Témouchent alors qu´elle était prévue dans un premier temps à El-Kseur. Tandis que l´extension du port tarde à voir le jour. Si la fermeture de l´aéroport de Béjaïa devrait se concrétiser, les voyageurs seront réorientés vers le plus proche aéroport ainsi que les rentrées en monnaie forte. Fermer l´aéroport, c´est aussi une manière de réorienter les potentiels investissements ailleurs. Suivez mon regard et vous aurez la réponse!