L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

ÉMEUTES DU SUCRE ET DE L’HUILE EDIFICES DÉTRUITS ET PÉNURIE DE PAIN ET DE LAIT

Les stigmates d’une révolte

«A qui profite ce massacre?», interroge un jeune en colère...

«Où se trouve le centre hospitalier le plus proche, s´il vous plaît?», demande un jeune homme au volant de sa voiture à un piéton. «Je ne réside pas ici», lui répond ce dernier. Le chauffeur démarre en trombe. Deux femmes se trouvent à l´arrière du véhicule. L´une d´elle a le visage pâle. Elle doit être prise en charge en urgence. Le chauffeur ne sait plus à quel saint se vouer. Sa détresse se répand sur la rue Taharbouchet, la principale voie qui mène de Tixeraïne vers le chef-lieu de la daïra de Birkhadem. La placette principale de cette localité affiche un visage lugubre. La salle des soins Mustapha Maghnouche est saccagée.
La porte d´entrée est défoncée. A l´intérieur, le hall est complètement dévasté. Des portes des bureaux par terre, des débris de vitres brisées çà et là, des armoires pillées, des registres de soins éparpillés, les lieux donnent l´impression d´avoir subi une tempête de colère et...d´émeute. A l´étage, les deux infirmeries et les six bureaux que compte la salle sont dans un état lamentable. Des armoires de médicaments dévastées, des seringues dispersées, des documents déchirés et répandus à même le sol, et les dégâts ne s´arrêtent pas là. Les sièges des toilettes n´ont pas été épargnés par les émeutiers.
«A qui profite ce massacre?», interroge un jeune rencontré dans les alentours. Entre-temps, une équipe de la police scientifique arrive sur les lieux. Les policiers inspectent la salle de soins. Un autre jeune a du mal à digérer ce que sa localité a vécu durant la nuit du jeudi au vendredi.
«Des bandes de jeunes armés de sabres sont arrivées. Elles ont saccagé l´annexe de la mairie de Birkhadem, cette salle des soins (Mustapha Meghnouche) et le siège de la police», témoigne-t-il. «Ils n´habitent pas à Tixeraïne», précise un autre témoin. L´annexe administrative de l´APC de Birkhadem n´a pas échappé à la furie des émeutiers. Pis, elle a été incendiée.
Bilan des dégâts: six bureaux dont ceux des services de l´état civil et celui du délégué administratif sont en cendres. «Les dégâts sont importants et ce sont les citoyens qui seront pénalisés», regrette Rabah Benlefki, un élu local chargé de rédiger un rapport sur l´étendue des pertes. Le constat est fait. Seulement, il reste un problème de taille à résoudre: celui de la délivrance des pièces de l´état civil aux habitants.
«Pour le moment, nous n´avons pas d´alternative. Les citoyens doivent se rendre à l´APC de Birkhadem. Cela leur causera un fort désagrément», déplore-t-il. A une centaine de mètres de là se trouve le siège de la poste. Il est fermé suite aux actes de vandalisme dont il a fait l´objet. «Il est inconcevable de s´attaquer à des services aussi importants que la poste, l´administration locale et le centre de soins qui servent les citoyens», s´indigne un commerçant en cosmétique.
Dans ces yeux se décline une inquiétude sourde. «Je dois fermer tôt. La situation peut dégénérer ce soir», avoue-t-il. La psychose s´est emparée de la rue Taharbouchet. Les citoyens craignent une reprise subite des émeutes. Au bord de cette voie se dressent les carcasses de deux véhicules calcinés. Ils ont été brûlés à proximité du commissariat de police.
«Nous ne comprenons pas comment ces jeunes ont pu opérer sous l´oeil complaisant de la police», s´indigne un habitant. Cette indignation gagne les quartiers d´Alger. Elle se manifeste sous d´autres formes à Bab El Oued, le quartier populaire où se sont déclenchées les émeutes de ces derniers jours.
«Vous avez du lait Monsieur?», interroge un passant, l´un des vendeurs de la placette des Trois Horloges. «Je regrette nous n´avons pas été servis pour aujourd´hui», lui répond ce dernier. Après la furie vient la pénurie. «Il faut se lever très tôt pour pouvoir acheter un sachet de lait», témoigne un jeune rencontré au marché dit des Trois Horloges.
L´un des vendeurs du marché lui emboîte le pas. «Face à cette pénurie, nous nous sommes rabattus sur le lait en poudre. Ce matin (hier) à l´aube, le chargement d´un camion de lait en sachets à été volé», révèle-t-il.
En plus du lait, le pain se fait de plus en plus rare. «Nous n´avons pas de pain faute de farine. Les livreurs de ce fécule ont peur de s´aventurer la nuit. Ces émeutes nocturnes les bloquent», précise un boulanger. Alger n´est toujours pas sortie de l´engrenage de l´émeute des produits alimentaires de large consommation.
A l´heure où nous mettons sous presse, des quartier comme El Hamiz connaissent des échauffourées entre manifestants et police antiémeute. Les feux de la colère sont loin d´être éteints.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours