L’extériorisation d’un ras-le-bol social

Peut-on circuler dans nos villes après 20h00? Pas sûr, bien que certains font souvent preuve de courage. Mais la majorité préfère ne pas prendre ce risque faute de sécurité. «Le problème de la violence chez les jeunes est un problème de fond qui ne peut pas être réglé par seulement l´animation d´une série d´activités. Nous devons coordonner nos efforts avec les responsables concernés afin de récupérer nos jeunes si nous voulons avoir un avenir prospère pour notre pays», c´est ce qu´a déclaré le président de l´Association Ouled El Houma, Abderrahmane Bergui. S´exprimant, hier, au cours d´une table ronde consacrée au phénomène de «La violence chez les jeunes», tenue hier au Forum d´El Moudjahid à Alger, cet ex-arbitre international s´est étalé longuement sur la violence dans les stades.
Pour lui, la responsabilité incombe en premier lieu aux directeurs de stade, qui sont censés gérer leurs établissements respectifs. «Comment ne pas recourir à la violence quand on ouvre une seule toilette dans un stade pour 50.000 personnes? Comment voulez-vous que les gens ne fassent pas ce que vous savez dans des bouteilles?», s´écrie un intervenant.
Et d´ajouter: «Comment voulez-vous qu´il n´y ait pas de violence quand les responsables n´ouvrent qu´une seule porte d´accès aux stades! Cela dit, sans parler de la vente de billets le jour du match. C´est ce qui provoque une trop forte concentration le jour J!»
Nos stades sont les seuls endroits autorisés qui regroupent autant de jeunes. Ces derniers en profitent pour exprimer leur ras-le-bol. Celui «d´une société jeune mais faite pour les vieux».
C´est le seul endroit pour extérioriser leur colère du fait qu´ils se sentent marginalisés, exclus et livrés à eux-mêmes. Ils en veulent à l´Etat qui «ne les comprend pas et n´est même pas à l´écoute de leurs préoccupations».. En réalité les rencontres de football ne sont que prétextes.
Les supporters souhaitent certes, la victoire de leur équipe à laquelle ils s´identifient, pour se sentir grands et victorieux avant de revenir à l´amère réalité. De son côté, le représentant de la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), M.Djamel Louli, a fait savoir que la violence dans les stades a légèrement diminué cette année par rapport à l´année précédente mais sans avancer de plus amples informations.
«Cette régression est le fruit des efforts déployés par les services de l´ordre», dira-t-il. A ce titre, il a indiqué que: «durant le premier trimestre 2010, 130 personnes ont été arrêtées dont 24 mineurs suite à des actes de violence dans les stades enregistrés à l´échelle nationale. Ces actes de vandalisme ont engendré 30 blessés parmi les policiers et 5 autres parmi les arbitres».
Pour rappel, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar avait fait savoir qu´un projet important contre la violence dans les stades, dont le contenu sera divulgué au moment opportun, est en cours de réalisation. Le premier responsable du sport en Algérie avait précisé que ce phénomène prend de l´ampleur chez nous, à l´instar de nombreux autres pays qui souffrent de ce problème.