PROCÈS KHALIFA
L’offensive du procureur général
Une chose est sûre, les absents ont toujours tort et risquent les peines maximales.
Le procureur général du tribunal criminel de la cour de Blida n´a pas cessé, lors de la deuxième journée de son réquisitoire, de faire ressortir les nombreuses irrégularités qui avaient caractérisé la gestion de la banque El Khalifa, en abordant le volet des agences de cette défunte institution financière.
Les directeurs d´agence sont accusés de corruption, de détournement et d´abus de confiance. Traitant le cas de l´agence de Chéraga, dont le directeur, Mir Omar, est accusé dans cette affaire, le procureur insista sur le fait qu´elle était le fournisseur numéro un des différentes filiales du groupe Khalifa en matière de fonds, sans que ces filiales détiennent 1a qualité de client. Pour convaincre le tribunal, il avancera la somme de 20 milliards de dinars qui était sortie de cette agence sans aucune convention ou sans le moindre dossier. Le représentant du ministère public ajoute: «En dehors des transferts illégaux d´argent, l´agence de Chéraga était généreuse tout simplement parce qu´elle n´était pas loin de la caisse principale.
Imaginez-vous que des sociétés situées à Hassi Messaoud, Béchar et Oum El Bouaghi avaient déposé leur argent, et cela n´est ni fortuit ni innocent.»
Attaquant, encore une fois, le président-directeur général du groupe Khalifa, il dira que la loi 590 du code du commerce interdit à une seule personne de détenir deux Eurl, ce qui n´était pas le cas avec Abdelmoumen.
Le procureur général s´est montré, par ailleurs, outré par le fait qu´Abdelmoumen Khalifa distribuait le couffin du Ramadhan, dont le financement provenait de l´argent des déposants. «Il a même créé une entreprise spécialisée dans la location des voitures (KRC), dont le capital provenait d´El Khalifa Bank et de Khalifa Airways.»
Revenant aux agences, le représentant du ministère public citera Aziz Djamel, ex-directeur de l´agence d´El Harrach. Ce dernier a donné, selon lui, deux milliards et demi à Chachoua, une autre somme aussi importante à Yacine Ahmed, plus d´un milliard à Kebbache Razi et d´autres montants aussi importants à travers un simple coup de fil ou des bouts de papier. «Quand même, madame la présidente, il y avait un trou de 48 milliards de centimes au niveau de cette agence», lancera-t-il à la juge, une manière d´incriminer davantage son directeur. En voulant apporter plus d´arguments, il ajoute: «Comment se fait-il qu´un simple locataire devienne, en un laps de temps, propriétaire d´une villa et possédant aussi un laboratoire d´analyses médicales. Franchement, la provenance de cette richesse est bien claire.» Il ajoute: «Même les microcrédits destinés aux jeunes investisseurs ont été utilisés par lui.» M.Abdeli insista, toutefois, sur le fait que l´argent qui sortait de la banque d´El Khalifa, en général, et de cette agence, en particulier, n´était pas domicilié au niveau du compte personnel d´Abdelmoumen. Evoquant l´agence d´Oran, dont le directeur, Kers Hakim, est l´accusé, le procureur général dira qu´il donnait d´importantes sommes d´argent à plusieurs personnes sans aucune trace comptable.
Il rappellera qu´il est derrière le dépôt de plusieurs Opgi de l´Ouest et de 13 entreprises publiques situées au niveau de cette région qui ont déposé leur argent tout en étant escroquées. Dans l´après-midi, le procureur a continué à cibler les accusés de crimes pour corruption en passant par ceux des délits. A l´heure où nous mettons sous presse, le procureur devait requérir les peines à l´encontre des quatre groupes d´accusés.
A la lumière de la lecture du réquisitoire qualifié de sévère, en soutenant les différents chefs d´accusation, notamment celui d´association de malfaiteurs qui «a vidé les caisses des organismes et institutions publiques» dans le plus pur style du gangstérisme, le moins que l´on puisse dire, est qu´il ne sera pas amène. Lui-même a déclaré, au début de son intervention, de frapper fort les contrevenants à la loi et à la chose publique pour servir d´exemple de lutte contre la corruption.
Ce faisant, il a fait la différence entre les responsables qui avaient fauté et la nécessité de préserver l´honneur des institutions, dont la Banque d´Algérie qui ne peut en aucun cas payer à la place des autres. Une chose est sûre, les absents ont toujours tort car ils auront les peines maximales.