AÏSSA ARAB, PÈRE DE VICTIME ET DÉLÉGUÉ DIALOGUISTE
«Où sont passés les engagements de Bouteflika?»
le décret en question est censé être une mesure d’apaisement, soulignera-t-il. D’où sa question : «<I>Qui bloque son application?</I>»
En sa qualité de parent de victime et de dialoguiste, Arab Aïssa a brossé un tableau sombre de la situation des victimes du printemps noir, depuis le 14 avril dernier et interpellé le Président de la République et les pouvoirs publics, à tous les niveaux de la hiérarchie pour le respect de leurs engagements concernant la mise en oeuvre de la plate-forme d´El-Kseur.
«Le décret présidentiel du 14 avril relatif au statut des victimes du printemps noir est pris en otage», a tenu à déclarer, en guise d´introduction, ce délégué mandaté par sa commune pour le dialogue de décembre 2001. Par ailleurs, expliquera-t-il, le décret présidentiel promulgué le 14 avril 2002 n´a profité à aucune victime. «A l´exception du don du ministère des Affaires religieuses, aucun centime n´a été versé aux victimes qui sont dans leur écrasante majorité des jeunes issus de familles déshéritées», a-t-il martelé. Notre interlocuteur rencontré avant-hier, n´y est pas allé avec le dos de la cuillère vis-à-vis de ceux qu´il a qualifiés de «délégués autoproclamés légitimes». Il s´appuie sur le code d´honneur du mouvement pour les inviter à «revoir leurs choix» et la population à «mandater des représentants aptes à mener la Kabylie vers une solution équitable». Il profitera de l´occasion pour lancer «un appel à tous les citoyens et les délégués du mouvement citoyen à la sagesse et au respect d´autrui et de saisir l´opportunité qui s´offre à eux pour la mise en oeuvre de la plate-forme».
Interrogé sur les victimes du mouvement qui sont «touchées dans leur chair» et qui font l´objet de toutes les convoitises en ce moment, il dira qu´elles «doivent se concerter et s´organiser afin de défendre leurs droits aux indemnités, à la prise en charge médicale et sociale et leur suivi».
A ce propos, le délégué dialoguiste de Timezrit revendique l´accès aux «acquis arrachés le 12 mars 2002». Dans la foulée, il apporte de l´eau au moulin des voix qui s´élèvent pour «demander des comptes au sujet des collectes de fonds». Revenant sur le décret présidentiel, notre interlocuteur a parlé de limites qu´il convient de dépasser. «Les autorités sont appelées à revoir le dispositif juridique pour inclure les nouvelles victimes», dira-t-il avant d´enchaîner: «Il y a un problème pour la reconnaissance des victimes. Les morts et les blessés par balle sont les seuls à être reconnus comme telles.»
Par ailleurs, le décret en question est censé être une mesure d´apaisement, soulignera-t-il. D´où sa question: «Qui bloque son application?» Le délégué dialoguiste note que la majorité silencieuse (les moudjahidine et les enseignants) a décidé de rompre le silence.
Questionné sur la crédibilité de son action, sachant que les délégués dits radicaux l´ont taxé de «dialoguiste taïwan», il répondra sereinement: «Ce sont ceux-là mêmes qui ont cautionné ceux qui sont partis dialoguer. Le 6 août 2001, ce sont eux qui m´ont accompagné pour les premières prises de contact pour le dialogue avec les autorités à Alger.» Il précisera que les délégués visés se reconnaîtront d´eux-mêmes.
Enfin, l´heure est venue, dira Arab Aïssa, d´«assainir les rangs et de rendre à César...» Il en veut pour preuves les distances prises par les Zeroual, Farès Oudjdi et récemment Mustapha Mazouzi, et beaucoup d´autres par rapport aux structures du mouvement.
En dernier lieu, le délégué de Timezrit dira qu´il ne faut pas enterrer un mouvement citoyen noble. La population, les blessés et les familles de morts ainsi que les notables de la Kabylie «doivent rompre le silence pour réclamer le jugement des assassins (gendarmes et policiers) selon les engagements pris par le Président Bouteflika» et éviter qu´ils ne fassent d´autres bavures ailleurs.