RÉUNION DE BRUXELLES
Quand l’UE se préoccupe du Sahel
C’est pour la première fois que l’UE se penche sur ce sujet, au plus haut niveau.
L´ensemble des pays de l´Union européenne se sont engagés avant-hier, lors de leur réunion à Bruxelles, à mettre en oeuvre un plan d´étude pour déterminer une stratégie d´aide aux pays du Sahel, relativement aux derniers événements d´enlèvements des ressortissants occidentaux dans cette zone.
Et c´est pour la première fois que l´UE se penche sur ce sujet, au plus haut niveau, afin d´étudier les moyens adéquats pouvant porter aide et assistance aux pays du Sahel confrontés au terrorisme de ce qu´on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique.
Les tendances vont, à en croire ce qui ressort de cette perspective, vers la possibilité de former les forces de sécurité locales. Dans ce contexte, une source diplomatique souligne à l´AFP: «Les ministres des Affaires étrangères vont examiner diverses options possibles sur le rôle que peut jouer l´UE afin d´aider à stabiliser la région, composée notamment du Niger, de la Mauritanie et du Mali.»
Selon cette même source: «Ce rôle pourrait combiner la politique étrangère de l´UE, sa politique de sécurité et ses outils d´aide au développement dans le cadre d´une approche cohérente.» Pour le moment, le contexte demeure sous un aspect de formalité et de possibilité car, a priori, aucune décision concernant des mesures concrètes n´est à prendre. Les membres réunis autour de ce sujet s´accordent à faire pour l´instant juste un tour de piste, démontrant uniquement que la situation au niveau du Sahel reste une question prioritaire de l´Union européenne.
A ce propos une source déclare: «Il s´agit d´un premier tour de piste pour montrer que c´est une priorité de l´Union européenne...on veut tirer la sonnette d´alarme, il y a un risque systématique avec le danger d´une propagation vers l´est de l´Afrique et un arc de crise qui rejoindrait la Somalie.» Mais la propagation est déjà établie sans aucun doute et la réaction de l´Union européenne vient avec beaucoup de retard car il a été démontré qu´Al Qaîda au Maghreb s´approvisionne en armement dans cette région et des relations entre les terroristes somaliens et Al Qaîda ne sont plus à prouver.
D´ailleurs, le président du gouvernement provisoire de la Somalie avait, lors de la réunion de l´ONU le mois dernier, tenté d´attirer l´attention sur cette connexion. Le terrorisme n´est pas seul à activer dans la région, deux autres phénomènes et non des moindres occupent le terrain, il s´agit des narcotrafiquants et les réseaux du trafic d´armes. Ceux-lâ mêmes n´ont pas manqué de tisser des liens très étroits avec les réseaux terroristes et ce sont bien des fléaux qui préoccupent l´Union européenne.
S´agissant des possibilités d´aides pouvant permettre aux Occidentaux d´intervenir au Sahel, l´envoi d´instructeurs compétents pour participer à la formation des forces de sécurité locales, sinon des experts afin d´aider à améliorer le fonctionnement des administrations des pays concernés, à savoir la Mauritanie, le Niger et le Mali est envisage. C´est pour dire ainsi que la possibilité d´envoyer des soldats dans la région n´est pas à l´ordre du jour et, justement, dans ce contexte il a été souligné et selon toujours une source diplomatique ayant pris part à la réunion: «Une chose est sûre il n´est en aucun cas question d´envoyer des soldats européens sur place.» Cependant, même avec une mission de formation, cette politique pourrait ne pas être appréciée par tous à l´image de la Grande-Bretagne qui a exprimé certaines réticences à ce sujet.
Sur un autre plan, l´Union européenne tient compte de la position de l´Algérie qui s´oppose à toute forme d´ingérence dans la région et le ministre des Affaires étrangères algérien Mourad Medelci l´a bien fait comprendre en soulignant clairement à toute l´assistance: «La sécurité dans le Sahel était du ressort des pays de cette région. L´Algérie n´a jamais dit que les pays qui ne font pas partie de cette zone n´étaient pas concernés (par la lutte contre le terrorisme). Si ces pays peuvent apporter leur aide, ils sont les bienvenus, mais ils ne peuvent venir s´implanter chez nous pour apporter la solution», a-t-il souligné.