LA COMMUNE DE LA CASBAH SANS MAIRE
Qui accueillera le Président à la Grande-Mosquée?
Il est paradoxal que ce haut lieu de culture et d’histoire qu’est la Casbah soit au lendemain de l’Indépendance victime de l’incurie ou des clivages administratifs.
La Casbah n´a plus de maire élu pour accueillir le président de la République qui fera la prière de Leïlat El Qadr au niveau de la Grande-Mosquée d´Alger. En fait, il s´est installé une certaine tradition selon laquelle c´est le président de l´APC de la mythique Casbah qui accueille le chef de l´Etat lors de l´accomplissement de cette prière. Or, comme la Casbah n´a plus de maire, il y aura donc une entorse à ce protocole en vigueur depuis l´Indépendance du pays en 1962.
Des élus de cette commune dénoncent «un blocage latent des commandes de leur APC qui aura duré près de cinq ans». Cette paralysie n´est pas près de voir son épilogue, avancent, exaspérés, des représentants de cette collectivité algéroise, «citadelle d´histoire et d´authenticité qui serait gérée selon les caprices d´individus irresponsables,» laisse entendre un communiqué signé par M.Boussahia Farid. Ce dernier étant le président désigné par une majorité écrasante des membres élus de la Casbah, comme le précise l´écrit en question. En fait, c´est à ce dernier que l´on aurait «subtilisé le droit légitime de régenter» sa circonscription administrative. Ainsi précise le document qui nous a été remis: «En dépit de l´élection d´un président légitime par l´Assemblée populaire communale, approuvée par toutes listes et qui jouissent du soutien populaire, la tutelle a refusé de l´installer dans ses fonctions....»
Quels que soient les tenants et aboutissants de cette affaire, il est tout de même paradoxal que ce haut lieu de culture et d´histoire qu´est la Casbah soit victime de l´incurie ou des clivages de l´administration. La léthargie qui mine les affaires de la Casbah ne date pas d´hier. En 2007, M.Zeliti Amar a été élu sur la liste FLN comme président de cette APC mais il a buté sur un blocage puisqu´il a été contesté par la majorité des autres membres. Depuis, le fonctionnement de l´APC est resté suspendu jusqu´au 26 avril 2010. Le wali délégué a proposé, le 29 mai dernier, un administrateur et ce, conformément à l´article 51 du Code communal. Or cette solution provisoire semble durer plus que ne le permet la loi, affirme-t-on.
Entre-temps, les élus dans leur majorité ont désigné, comme le stipule le Code communal, et avec une majorité écrasante, M.Boussahia Farid comme président de cette commune. Une décision que l´«administration refuse de reconnaître. Pour des raisons inexpliquées». Ce statu quo ne fait que renforcer l´invraisemblance qui s´est emparée ces dernières années de la vieille cité. Cette invraisemblance atteindra certainement son paroxysme au 27e jour du Ramadhan mais aussi au lendemain de l´Aïd lorsque le président de la République viendra accomplir la prière.
«Quelques jours seulement nous séparent des fêtes religieuses, la Nuit du Destin et l´Aïd El fitr, ce qui nous pousse à nous demander qui va accueillir Son Excellence M. le Président Abdelaziz Bouteflika, lorsqu´il viendra faire ses prières à la Grande-Mosquée, tandis que la tradition protocolaire depuis l´Indépendance veut que l´accueil lui soit réservé par le président de l´APC, représentant les habitants et citoyens de la commune» rappelle-t-on.