CRISE ENTRE BAMAKO ET LES TOUAREG INSURGÉS DE KIDAL
Rébellion aux frontières sud
Les accords de paix selon lesquels les Touareg ne doivent plus réclamer l’autonomie de leur région, tandis que Bamako devait accélérer le développement du Nord désertique, sont au point mort.
Pendant que les responsables politiques de «l´Alliance du 23 mai pour le changement», donnaient l´alerte une nouvelle fois, sur leur site web, et faisaient une déclaration à la presse par le biais de Hama Ag Sid- Ahmed, le porte-parole de l´«Alliance», des hommes armés non identifiés ont attaqué, hier, un poste de sécurité dans le nord-est du Mali, à proximité de la frontière avec l´Algérie.
«Des éléments armés ont attaqué, ce matin, (vendredi) un poste de sécurité à l´entrée de Tin-zaoutine, située à 1500km au nord-est de Bamako. Nous ne savons pas encore s´il y a eu des victimes, mais nous venons d´apprendre qu´un véhicule de la Douane a été emporté», a déclaré un officier de l´armée malienne. Selon la même source, il est impossible «pour le moment de dire si c´est un acte de banditisme ou autre chose». «Un renfort militaire» a été envoyé sur place à la suite de cette attaque. Interrogé par téléphone par l´AFP, le porte-parole de l´ex-rébellion targuie, Amada Ag Bibi, a déclaré que son mouvement n´était «pas du tout impliqué dans cette histoire». «Je suis à Kidal (1000km au nord-est de Bamako), nos éléments qui ont déposé les armes sont à Kidal. Nous sommes étrangers à ce qui s´est passé et si quelqu´un est impliqué dans cette attaque, qu´il ne se réclame pas de nous. Nous, nous sommes pour la paix», a-t-il poursuivi. Pourtant, et meme si on a n´a pas encore attribué cette attaque à aucune partie, les indices n´ont pas manqué depuis une semaine sur cette révolte qui couvait.
Dans une déclaration à la presse, Hama Ag Sid-Ahmed, le porte-parole de l´Alliance souligne qu´«aucun engagement de l´Accord n´a été respecté à ce jour, excepté le retour des armes, le 9 mars. Or, aujourd´hui, on devrait mettre en place les unités spéciales de sécurité, composées majoritairement de Touareg issus de ce mouvement. On constate, aujourd´hui, le contraire. On voit bien que le dispositif militaire est en train de se renforcer. On voit des patrouilles sortir de la ville de Kidal, occuper des points d´eau et des villages d´éleveurs nomades. C´est inacceptable.» Il poursuit que le mécontentement est très important. Il est difficile de maîtriser ceux qui se sont soulevés le 23 mai 2006. «On voit bien qu´aujourd´hui certains combattants regagnent leurs bases parce que pour eux cet accord est tout simplement une sorte de tromperie parce que rien ne se passe sur le terrain», a-t-il informé. Il ajoutera qu´il est difficile de concevoir la paix dans la région sans l´application complète de l´Accord d´Alger. C´est pourquoi, il a invité les autorités maliennes à «manifester un peu plus de bonne foi dans la gestion de cette crise, sinon c´est le serpent qui se mordra la queue». Pourtant, au début de l´année en cours, Alger avait pu rassembler les «frères-ennemis» et leur faire signer des accords permettant aux uns et aux autres d´atteindre leurs objectifs. «Le gouvernement malien et l´Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement ont signé, à Alger, trois documents pour l´exécution de l´accord de paix, de sécurité et de développement de la région de Kidal, signé en juillet 2006 en Algérie», a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères, le 21 février 2007.
Les ex-rebelles touareg maliens, qui avaient attaqué, fin mai, deux camps militaires à Kidal (nord-est du Mali), et étaient en rupture de ban avec Bamako, montrant des signes de lassitude et tension, ont signé, finalement, avant-hier, à Alger, les documents pour la mise en oeuvre de l´accord de paix conclu en juillet 2006 à Alger avec le gouvernement du Mali.
Il s´agissait d´un «acte 3» parce que l´Algérie avait déjà joué un rôle décisif dans le règlement de la rébellion targuie grâce aux accords de paix signés en 1992 à Tamanrasset (sud algérien) entre la rébellion targuie et le pouvoir central.
Et le 6 juin 2006, elle a encore, officiellement, accepté d´assurer la médiation entre le pouvoir et les Touareg maliens. Bouteflika a reçu, alors, Kafougouna Koné, ministre de l´Administration territoriale et ancien patron de la Sécurité d´État du Mali et Alger s´est impliquée pour désamorcer la crise. L´émissaire d´Amadou Toumani Touré (ATT) est venu demander aux Algériens de se saisir d´un dossier qu´ils connaissent fort bien pour y être déjà intervenus en 1992.
Les textes portent sur le calendrier des étapes pour la remise des armes, le procès-verbal des conclusions des réunions tenues durant une semaine à Alger, et la préparation d´un Forum international prévu les 23 et 24 mars à Kidal avec la participation de bailleurs de fonds, selon un communiqué du ministère malien. Les documents fixent, également, les moyens de cantonner ces personnes, de récupérer leurs armes et de les aider à se réinsérer dans le circuit économique et social au Mali. Ces textes «fixent, notamment, les modalités de retour des 3000 personnes armées dans le camp installé par l´Algérie à Kidal», a précisé M.Ghraïeb. De son côté, M.Agbibé a qualifié la signature de ces documents de sortie de crise comme une étape importante pour la stabilité du Mali, affirmant l´engagement de l´Alliance démocratique à respecter cet accord.
Il a affirmé que les unités spéciales, qui seront composées par des éléments de l´Alliance démocratique après leur réinsertion et de l´armée nationale, élimineront toute présence armée étrangère sur le territoire malien. Grâce à une médiation algérienne, le gouvernement malien et les ex-rebelles touareg avaient signé, en juillet à Alger, des accords de paix, selon lesquels les Touareg ne doivent plus réclamer l´autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement du Nord désertique abritant l´essentiel de la communauté targuie.
Mais il semble que rien n´a été fait, et tout indique que les tensions vont aller crescendo, et qu´Alger sera, une nouvelle fois, sollicitée pour arbitrer dans ce conflit qui durera tant que le gouvernement local se suffira de solutions de bricolage...