BOUTEFLIKA
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La crise en Kabylie, le terrorisme et le climat trouble qui caractérise présentement la scène politique nationale ont, selon le Président, pour origine une lutte intestine de clans au sein ou gravitant autour du pouvoir. Ces cercles occultes manoeuvrant ici ou ailleurs ont pour seul objectif de confisquer les libertés.
Le symptôme le plus apparent en serait la suspension de pas moins de six titres de la presse nationale. Le Président dans son discours traduit un souci constant de préservation de l´ordre public et en appelle à la patience du peuple, le temps de réinstaurer un climat serein à même de permettre de conduire la nation vers les rives sereines de la stabilité. Il avertit donc les Algériens de ne jamais céder au chant des sirènes et les invite à faire preuve de discernement pour ne pas emprunter la voie de l´aventure séparatiste en restant fidèles aux enseignement de Novembre 1954. Le Président de la République a donc, dans son discours prononcé à Skikda, à l´occasion de la célébration de la Journée du moudjahid, mis en garde contre toutes les velléités de séparatisme et de dissidence au sein du même Etat nation, désormais un et indivisible. Sur le front économique, il a encouragé l´initiative individuelle à l´orée de l´inévitable mondialisation à laquelle l´Algérie est appelée à s´intégrer, en bloc serré et en force.
Tout en mettant en évidence le rôle salvateur de l´option de la concorde nationale qu´il a soumise, de ses soins propres, au référendum populaire, il glorifie la lutte de l´ANP durant les dernières années de terrorisme aveugle.
Une politique de concorde qui a, selon lui, épargné au pays le prolongement de la terrible hécatombe; alors que des forces maléfiques, tapies à l´étranger et relayées par leurs sbires en Algérie, n´hésitaient pas à attiser le feu de la haine et encourager la criminalité, la destruction et la diffamation pour entamer la réputation des institutions algériennes notamment l´Armée nationale populaire. C´est ainsi qu´à Skikda, haut lieu de la Révolution algérienne, qui a vu le peuple combattre et sacrifier ce qu´il a de plus cher pour recouvrer son indépendance, qu´il rappelle que la Révolution a réussi à créer une parfaite synergie entre l´action militaire, le travail politique, la mobilisation matérielle et morale tout en prenant en compte la situation internationale qui a vu la révolution s´allier le mouvement des non-alignés. La préparation et l´étude ont pris jusqu´à trois mois avant que le choix ne soit fixé en fin de compte sur le lancement des opérations du 20 Août 1955 simultanément à l´anniversaire de l´exil du roi Mohammed V. Hommes et se sont joints à la Révolution sans surenchère aucune. La date du 20 Août a été également choisie pour la tenue du congrès de la Soummam. Dont les maîtres à penser étaient Krim Belkacem et Abane Ramadane; un congrès qui a balisé les sentiers de la Révolution jusqu´à arrachement total de l´indépendance.
«Un peuple qui a donné sur l´autel de son indépendance 1,5 million de martyrs et de héros à l´image d´el Mokrani, Fatma N´soumer, Ezzaâticha, Bouâmama, cheikh Boumaza... qui ont insufflé son âme à l´élan révolutionnaire. C´est à Skikda donc que je m´incline devant l´âme de tous les martyrs et je salue tous ceux qui demeurent sur la voie novembriste, fidèles pour lever les défis de l´Algérie d´aujourd´hui et de demain.» Dans l´indifférence du monde ce sont ses enfants, avec toutes leurs différences, que l´Algérie a trouvé pour échapper aux abysses de la violence et du terrorisme qui y a sévi une décennie durant. Aux côtés de l´ANP, qui a toujours su faire preuve d´abnégation pour la sauvegarde du pays et son assistance dans les pires moments de son histoire récente; comme ce fut le cas lors des événements d´octobre 88, de la transition démocratique du début 90, du tremblement de terre de Aïn Témouchent, des inondations de Bab El-Oued, et enfin du tremblement de terre qui a endeuillé Boumerdès et les environs d´Alger.
Durant toutes ces épreuves, l´armée a répondu à l´appel et n´a eu pour seul mobile que la défense de la nation. Tout en admettant le caractère impopulaire des mesures économiques, telle la restructuration des entreprises publiques, le chef de l´Etat en appelle à la patience du peuple dont il attend des sacrifices: «Je ne juge personne et j´admets le caractère impopulaire de telles mesures qui demeurent nécessaires en cette période de transition économique.» Le Président évoque le manifeste du 1er Novembre 1954 et dit «oeuvrer pour sa continuation main dans la main avec le peuple». Le message de Novembre émis il y a cinquante ans «demeure actuel», l´Algérie aspire toujours à traduire sur le terrain tous ses principes éternels. Bien qu´il soit relativement court, ce message est fort de par son sens. Bouteflika, qui condamne le régionalisme d´où qu´il émane, rappelle que la portée du message de Novembre transcende les frontières puisque cette date appartient à tout le peuple algérien. Et de réciter un verset coranique évoquant l´olivier béni, ni d´est ni d´ouest..., manière de dire qu´aucun document présent ne parviendra à égaler la valeur de l´appel de Novembre 1954, seule plate-forme d´émancipation nationaliste réelle.