Tentative d’OPA sur le MSP

La décision de Boudjerra Soltani de limiter la députation à deux mandats a irrité les militants de la première heure, c´est-à-dire ceux qui ont mis le pied à l´étrier depuis la création du parti. Le renouvellement des instances de l´APN leur a permis de revenir en force, pendant que les au-tres partis n´ont pas jugé utile de changer les hommes dans les instances d´une APN finissante.
Les observateurs attentifs de la scène politique ont relevé dans ce renouvellement les prémices d´une démonstration de force. Les Semari, Dane, Mokri, Saâdi, Menasra, et beaucoup d´autres lancent, de la sorte, un message codé au président du parti qui veut leur couper l´herbe sous les pieds, en anticipant sur le calendrier. En prenant les commandes des structures de l´Assemblée, ils pensent pouvoir le contrer et l´amener à revoir sa copie. Or, il se trouve que, hormis le côté spectacle, cette agitation est sans lendemain.
Pour plus d´efficacité, une contre-offensive payante des opposants à Soltani ne peut se situer que dans les coulisses du parti et non dans des sphères exposées à la curiosité des médias. Les jeunes «carriéristes» du MSP devront faire un long travail de pédagogie au sein du madjliss echoura ainsi que dans ses prolongements au niveau des wilayas pour convaincre les militants du bien-fondé de leur démarche.
Dans la mesure où le débat sur le nombre de mandats est lancé, les militants auront leur mot à dire. Car les militants - qui sont autant motivés que leurs aînés- ne peuvent concevoir que les mêmes se présentent deux ou trois fois et ne donnent aucune chance aux nouvelles compétences de se faire une place au soleil.
Mais il se trouve que l´éternelle confrontation entre les générations n´est pas le propre du MSP. Elle est en vigueur dans la plupart des partis, y compris dans ceux qui se revendiquent de la démocratie quand il s´agit de dévoiler la laideur de l´autre. L´alternance au sein des partis politiques n´est pas encore admise comme signe de bonne santé mais comme conspiration. Le débat en cours, ces jours-ci, au sein du PS français est de la même nature. Les nouveaux militants sont toujours suspectés d´envahissement ou d´infiltration.
Les anciens brandissent toujours l´argument de l´expérience comme un couperet au-dessus des têtes fraîches. Or, l´expérience démocratique en l´Algérie n´est qu´à ses balbutiements. Ceux qui prétendent avoir acquis une certaine expérience, pendant les dix dernières années, ont fait école dans un environnement vide de sens. La dernière décennie n´a été qu´une suite de transitions où la morale et l´éthique ont été -furieusement- absentes.