PRODUCTION ALIMENTAIRE NATIONALE
Un déficit de 43 millions de quintaux par an
Les ressources humaines et la politique agricole mises à l’index.
La moyenne de la production annuelle en produits agroalimentaires en Algérie est de l´ordre de 30 millions de quintaux, sachant que les besoins de la consommation sont évalués à 73 millions de quintaux. Le déficit apparaît énorme. C´est ce qui ressort du 7e Colloque scientifique international sur la sécurité alimentaire et la mondialisation, tenu hier, à la Bibliothèque nationale du Hamma à Alger.
Selon l´animateur de ce colloque, le président de l´Association des économistes algériens, le Dr Mohamed Belkacem Hassan Bahloul: «Les produits alimentaires importés par l´Algérie constituent 70 à 80% de la ration quotidienne». Ce pourcentage est jugé élevé, quand «la facture des importations agroalimentaires s´est élevée au cours de l´année 2007 à un montant de 4,8 milliards de dollars».
Les produits les plus importés sont le blé tendre, le blé dur, l´orge et le maïs et dont la consommation constitue 25% du budget des ménages. Il s´agit là, du plus grand pourcentage au monde, outre le lait dont l´importation, au cours de la période de 2000 à 2005, a atteint une moyenne de 50% des dépenses de consommation.
L´Algérie dispose de ressources naturelles importantes au regard de sa superficie: 240 millions d´hectares dont le sixième est constitué de terres agricoles soumises aux aléas de la pluviométrie. Dans ce cadre, le conférencier souligne que «la production agricole dans notre pays rencontre des difficultés dont certaines sont relatives aux ressources humaines et d´autres résultent de la politique agricole».
Au plan des ressources humaines, la structuration du secteur agricole accuse un déséquilibre dans sa composante où le vieillissement prédomine à hauteur de 60% des exploitants.
A noter que 67% de cette population est dénuée de toute formation. Quant à la politique agricole, le soutien de l´Etat à l´investissement dans le secteur en amont et en aval demeure faible et ne dépasse pas 3,6% du PIB (Produit intérieur brut) en 2006.
L´orateur a indiqué que «l´exploitation des terres qui s´étendent sur une superficie de 240 millions d´hectares dans notre pays est insuffisante, notamment dans les régions de steppe. Celle-ci monopolise l´élevage des ovins à environ 80%.» Ces terres sont exposées au dangereux phénomène de la désertification.
Prenant part au débat, Aïssa Abdelguerfi, professeur à l´Institut national de l´agronomie, a affirmé que «le patrimoine national est délaissé pour le compte de l´importation». Pour lui «nos terres, nos plantes et nos animaux se font piller par les étrangers, sous nos yeux».
L´intervenant a fait savoir que «le plus souvent, on importe des races inadaptées à notre climat, sinon comment voyez-vous qu´une vache importée d´Europe puisse vivre sous 45 degrés à Ouargla?» Ainsi préconise-t-il la valorisation du «patrimoine national».