AL QAÎDA FAIT CONNAÎTRE SES CONDITIONS
Un million d’euros par otage
Les enlèvements au Sahel ont rapporté aux terroristes plus de 50 millions d’euros auxquels s’ajoute un montant de 100 millions d’euros sous diverses formes.
Al Qaîda au Maghreb islamique a annoncé ses revendications pour la libération des sept otages, à savoir cinq Français, un Malgache et un Togolais, employés du groupe nucléaire français Areva et d´un sous-traitant du groupe de travaux publics Vinci, et détenus depuis le 16 septembre.
Contre la libération des sept otages Aqmi pose comme conditions, selon la chaîne de télévision Al Arabiya, que la France abroge la loi sur l´interdiction du voile intégral, que le Mali s´engage à ne plus permettre des raids français et mauritaniens sur son sol contre Aqmi, la libération de plusieurs terroristes et le versement de plus d´un million d´euros pour chacun des otages, soit 10 millions de dollars pour les 7 otages. Des exigences jugées irréalistes par la France et le Mali. «Les ravisseurs ont des exigences irréalistes que le Mali et la France ne peuvent pas accepter (...), dont le retrait de l´interdiction du voile intégral en France et la libération de certains éléments du groupe détenus en France, en Mauritanie et dans d´autres pays», indique Al Arabiya, qui dit s´appuyer sur des sources informées anonymes. Sans confirmer, le Quai d´Orsay n´a pas démenti pour autant ces informations. «Comme vous le savez, la discrétion est une condition indispensable à l´efficacité de notre action», a déclaré la porte-parole adjointe, Christine Fages. «Nous ne commentons pas les nombreuses rumeurs qui surgissent depuis l´enlèvement et dont la plupart sont absurdes ou infondées», a déclaré Christine Fages, sans répondre à la question de savoir si des exigences étaient ou non parvenues à la France. Tandis que le ministère français des Affaires étrangères s´est refusé à commenter ces informations ainsi que l´annonce du mauvais état de santé de la seule femme otage, Françoise Larribe, l´épouse d´un des cinq Français.
En effet, ces revendications interviennent alors que la santé de Françoise Larribe se dégrade. Souffrant de cancer, son état- de santé nécessite un traitement d´urgence et les ravisseurs d´Aqmi sont ouverts «à toute négociation», ont affirmé à l´AFP un intermédiaire nigérien et l´entourage d´un médiateur malien. Ces sources soutiennent avoir rencontré dans la région de Timétrine (nord-est du Mali) certains des ravisseurs sans pour autant apercevoir les otages. «Je reviens de chez les ravisseurs, dans le désert, où j´ai rencontré deux représentants du groupe qui les détient: l´otage française est malade et ne peut plus rester longtemps sans soins», a déclaré l´intermédiaire nigérien. L´entourage d´un Malien qui joue le rôle de médiateur, a confirmé cette information en affirmant que «la femme française est malade. On nous a dit qu´elle a été soignée peu de temps avant son enlèvement, mais elle mérite un suivi».
Les sept otages ont été enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre sur le site d´une mine d´uranium du groupe français Areva à Arlit (nord du Niger). Cependant, les intermédiaires ont tenu à souligner que le sort des sept otages ne dépend pas uniquement de leurs ravisseurs, notamment Abou Zeïd. «Le sort des otages est entre les mains de toutes les tendances d´Aqmi», a révélé l´intermédiaire nigérien qui ajoute que «les otages sont en vie et bien traités». Il y a lieu de rappeler que le précédent otage français enlevé au Niger, Michel Germaneau, avait lui aussi des problèmes de santé. Il aurait été enlevé le 26 novembre 2009 et exécuté le 25 juillet dernier, en représailles à une opération militaire menée conjointement contre l´Aqmi par les forces militaires françaises et mauritaniennes en territoire malien.
Fin septembre, la France s´était déclarée prête à discuter avec les ravisseurs des sept otages du Niger tout en précisant n´avoir reçu aucune demande de leur part. Et maintenant, Paris engagera-t-il les négociations? Tout porte à le croire d´autant que Luc Chatel, porte-parole du gouvernement français, avait affirmé que «la France fera tout pour libérer ses otages», y compris une action militaire.