Un pavé dans la mare
La justice, au regard de la gravité du témoignage, est tenue de le prendre en ligne de compte.
Le vieil adage dit qu´il n´y a pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Depuis un quart de siècle, le moudjahid Ould El-Hocine se bat sans discontinuer pour récupérer les biens dont il a été illégalement spolié à la suite d´une sombre affaire d´atteinte à la sûreté de l´Etat, comme il s´en fabriquait tant dans les années 80.
Soigneusement distillés par ceux-là mêmes qui n´ont aucun intérêt à ce qu´éclate enfin la vérité et que soit découvert le pot aux roses, des amalgames tout simplement surréalistes ont été entretenus, qui établissaient des liens pour le moins douteux entre Van Rossem et l´Epsr, mais aussi entre ces deux entités et la Gendarmerie nationale. Des documents ont carrément été falsifiés et remis à la justice, dans lesquels ce corps d´élite des services de sécurité algériens a été impliqué dans de simples transactions commerciales.
Absolument impensable. Pourtant, cela existe. C´est sous ce prisme tout à fait inédit dans les annales judiciaires algériennes qu´il convient d´appréhender le témoignage public du colonel Ahmed Bencherif, premier responsable de la Gendarmerie nationale à l´époque des faits. Si la probité de l´homme le place au-dessus de tout soupçon, il convient de relever que son intervention revêt, au moins, une triple importance.
Il s´évertue avant tout à démentir dans le fond et dans la forme le véritable bourbier dans lequel ont tenté d´enliser la gendarmerie ceux qui usent de toutes les armes pour garder les biens de cet ancien officier de l´ALN qu´était Ould El-Hocine. En outre, en sa qualité de témoin clé de toutes ces questions, maintes fois traitées et développées à l´aide de documents tout simplement irréfutables, il rétablit M.Ould El-Hocine dans ses droits, lève définitivement les amalgames et s´indigne même que d´aucuns aient pu se laisser prendre aux rets d´une manipulation aussi grossière qu´inacceptable.
La mystification a-t-elle été à ce point grande que tout le monde est tombé tête baissée dans le «panneau»?
Enfin, le colonel Bencherif lance un véritable pavé dans la mare. Il ne se contente pas de ce témoignage, pourtant accablant en direction de tous ceux qui se sont rendus soit complices, soit coupables, dans cette affaire de spoliation de biens appartenant à un authentique moudjahid qui a donné le meilleur de lui-même, et continue de le faire, à la cause nationale. Le témoin, car c´est ainsi qu´il se considère, se met carrément à la disposition de la justice afin de lui apporter tous les éclairages qu´elle jugerait encore nécessaires, et que ce véritable déni de droit prenne fin. La justice, qui a connu quelques «anomalies» dans le traitement de cette affaire, comme en témoignent les plaintes déposées en ce sens, ainsi que la saisine du président Bouteflika par d´éminents professeurs en droit, ne saurait raisonnablement ignorer une pareille invitation visant avant tout à faire éclater la vérité.
S´il ne fait aucun doute, donc, que la sortie du colonel Bencherif saura relancer, dans le bon sens, une question qui n´a que trop duré, nous croyons savoir que d´autres sorties de la même importance se feront jour dans un très proche avenir. Le compte à rebours a commencé...