AGRICULTURE A TAZMALT
La fin justifie les moyens
Indubitablement, notre retour à la terre est inéluctable. Le reporter serait une erreur.
Que chacun de nous sache que nos ressources naturelles sont éphémères. Seule la terre, et à travers elle l´agriculture, restent une richesse pérenne. Beaucoup de jeunes l´ont compris. Ils se sont alors investis dans le durable.
Le jeune Hamimi Moncef en est un exemple édifiant. Après avoir tourné le dos à l´architecture - il est titulaire d´un diplôme en architecture obtenu à l´ENTP de Kouba - il se donne corps et âme à l´agriculture. Notons que son père est propriétaire d´un latifundium d´une superficie de 92 ha. En un laps de temps, notre jeunot ne tardera pas à transformer ce dernier en un «musée» agricole. L´oléiculture, la céréaliculture, l´apiculture, l´arboriculture et les cultures maraîchères se partagent son temps et les performances ne tarderont pas à arriver, les entraves aussi.
«Pour l´année 1999-2000, une année jugée très difficile, nous dira-t-il, nous avons obtenu 50 quintaux de blé à l´hectare, alors que l´évaluation effectuée avec des techniciens de l´Itgc prévoyait un rendement de 80q/ha. Cette différence, expliquera-t-il, est due aux très fortes chaleurs enregistrées au mois de mai». Cet état de fait a provoqué l´échaudage. Pour venir à bout de cet aléa, notre jeune agriculteur compte avancer la date de semence. «Pourvu, souhaite-t-il, que les semences soient livrées à temps». Pour l´année 2000-2001, Moncef obtiendra un rendement de 48q/ha sur trois hectares irrigués et de 24q/ha, c´est-à-dire la moitié, sur sept hectares qui ne l´étaient point. La promesse d´aide qui lui a été faite quant au creusement d´un forage et l´obtention d´une pompe n´a pas été, hélas, honorée.
«La rentabilité, martèlera notre jeune agriculteur, dépend de beaucoup de facteurs, d´où le risque zéro en termes de productivité. Je citerai l´acquisition de bonnes semences et en temps opportun, des engrais de qualité, une irrigation suffisante et une préparation du sol adéquate, car ce dernier souffre d´une déficience criante. Redresser son niveau de fertilité est plus que vital. Ce sont là les conditions sine qua non qui permettront l´obtention d´une bonne récolte.»
En terme d´engrais, Moncef nous révèlera qu´il est le seul agriculteur à mettre des engrais foliaires sur les céréales. Ces derniers sont absorbés par la feuille, d´où leur appellation. Leurs intérêts, c´est que cette dernière n´est censée prendre que ce dont la plante a besoin, contrairement aux racines, d´où d´ailleurs le risque de toxicité. «Certains éléments, ajoutera-t-il, sont difficilement assimilés par voie racinière». Quant à la préparation du sol, il a récemment fait faire une analyse de son sol au niveau de Phosyn laboratoires. Ce sont des laboratoires anglais qui se sont spécialisés dans les engrais foliaires. Les résultats montrent un manque important en matières organiques. Notons que près de 90% des sols en Algérie sont carencés et rares sont ceux qui atteignent 1% de ces matières, alors que le minimum nécessaire doit se situer entre 2,5 et 3%. Concernant les semences, il nous fera une révélation ahurissante. «Certaines des semences utilisées, nous dira-t-il, datent des années 60, d´autres en revanche, remontent à l´ère coloniale. Selon un expert en la matière, une bonne semence ne peut, rester sur le marché au-delà de cinq ans.»
Concernant l´irrigation, les forages ne sont pas la solution. A ce rythme, une catastrophe écologique est prévisible avec l´épuisement des nappes phréatiques. En guise d´exemple, pour toute la région de Tazmalt, il n´y a pas une seule retenue d´eau. L´ouest Sahel et celui de Beni-Mellikèche doivent constituer le souci majeur de nos autorités. Il y va de l´avenir d´une région en matière d´agriculture.