BELKAT
Un village en marge de la civilisation
Les habitants attendent et espèrent depuis longtemps une prise en charge de la longue liste des doléances.
«Belkat» est un hameau accroché aux collines des monts Dirah et Chréa qui séparent la commune d´Ahl El Ksar et celle d´El Mesdour dans la daïra de Bordj Okhriss au sud de la wilaya de Bouira. La centaine de familles qui y réside vit de l´agriculture et de l´élevage.
La réhabilitation du chemin de wilaya qui relie les deux agglomérations administratives, mais surtout le projet d´élargissement de la voie, est une aubaine pour toute une région, qui a longtemps souffert des affres de la nébuleuse terroriste. En effet et pendant une décennie, les habitants, attachés à leurs terres, ont subi le diktat des groupes intégristes, qui avaient élu domicile dans les forêts boisées de Bordj Okhriss. Depuis le retour à la quiétude, les habitants attendent et espèrent une prise en charge de la longue liste des doléances. Si sur le plan de l´eau, la satisfaction est totale depuis l´alimentation de la région à partir du barrage de Tilesdit, les autochtones souffrent encore du manque de gaz. Alimentés par l´unique épicerie, ces derniers font face à une rupture de stock quasi- permanente en raison de la rigueur de l´hiver dans ces régions.
L´inexistence d´une structure sanitaire à même d´assurer les premiers soins oblige les habitants à se déplacer vers Sour El Ghozlane ou Bouira pour les cas compliqués. Les jeunes qui migrent quotidiennement vers les villes pour y exercer des petits emplois, se regroupent chaque début de soirée dans l´unique commerce, qui sert de lieu de divertissement et où les parties de domino, durent des heures et des heures.
Les plus pieux font leurs prières dans une salle exiguë qui fait office de mosquée. Même si les enfants sont encore en vacances, ils n´hésitent pas à rallier un terrain vague à proximité de l´école pour organiser des rencontres de football avec un ballon dégonflé et en lambeaux. En prévision du mois sacré de Ramadhan qui reste une occasion pour les femmes de se rencontrer, le propriétaire d´un fourgon et en commun accord avec les jeunes, a aménagé son véhicule pour leur assurer des dessertes nocturnes vers les deux communes les plus proches. D´autres se déplaceront à bord de tracteurs.
Pour les plus âgés et les femmes, ils échangeront des visites et passeront des soirées autour d´un thé. Le chef du village, imam pour la circonstance, enseignant de profession, souhaite une prise en charge des doléances des jeunes.
La présence de carrières dans la région est une solution au chômage qui touche la totalité de la jeunesse. Les habitants demandent aussi à être intégrés dans les divers dispositifs d´emploi et à bénéficier des aides à la construction rurale...En attendant les habitants de «Belkat» ou «Belgat», selon les prononciations, continueront à mener une vie simple où la bonté, et l´hospitalité sont des règles héritées que nul ne peut transgresser.