«Tout est question de volonté politique»

«Il n´est plus question de donner de l´argent aux clubs pour qu´ils l´utilisent dans l´achat des joueurs. Nous allons faire en sorte que ce qu´ils reçoivent, ils l´investissent dans la formation des jeunes joueurs».
C´est ainsi que s´est exprimé M.Aboubakr Benbouzid lors d´un point de presse organisé en marge des travaux de la conférence nationale des DJS. Le ministre de la Jeunesse et des Sports invite, donc, nos clubs à s´occuper de leurs jeunes catégories. Mission noble s´il en faut mais encore faut-il pouvoir l´appliquer. Ce n´est pas la première fois qu´un ministre responsable du secteur des sports fait part de son intention de lancer le chantier de la formation mais depuis des années, on n´a rien vu venir.
Ce n´est pas que les clubs soient réticents, non, ils sont pour le projet à condition que l´Etat mette la main à la poche et finance lui-même les centres de formation qu´il souhaite.
Mais cela coûte cher, extrêmement cher et l´idée est restée lettre morte alors qu´on y est allé d´une nouvelle idée consistant à donner aux clubs de l´élite, ceux de la division II leur prise en charge lorsqu´ils viennent à effectuer un déplacement. Selon le ministre, l´argent économisé par les clubs pourra être investi dans les jeunes catégories. C´est peut-être vrai mais seulement en partie. Car qu´est-ce qui empêcherait un dirigeant d´utiliser ce pactole dans l´achat de joueurs? Rien, sauf un contrôle rigoureux des pouvoirs publics, un contrôle qui devra être suivi de sanctions.
Or, la réalité des choses nous donne à penser que nos clubs vivent dans l´impunité la plus totale. Sous prétexte de gérer une discipline porteuse sur le plan social et populaire, ils bénéficient d´un privilège qui ne veut pas dire son nom et nos politiques sont frileux à l´idée de s´attaquer aux milliards que brasse le football le plus souvent au vu et au su de tout le monde. Il n´y a qu´à prendre pour exemple les AG-bilans organisées à la va-vite pour ne pas dire bâclées et que la plupart des DJS entérinent sans mot dire. Il n´y a qu´à avoir les AG électives organisées sans qu´aucun compte ne soit demandé à l´équipe dirigeante sortante. La formation, c´est d´abord une culture et l´on doit malheureusement compter sur les dirigeants de clubs loin d´être imprégnés de cette notion et hantés par la phobie du résultat immédiat.
Ce sont pourtant des dirigeants qui ont leur entrée partout et devant lesquels on étale le tapis rouge. Pourtant tout est question de volonté politique. Quand on veut, on peut, en dépit de tout ce que peuvent penser les dirigeants de clubs qui doivent garder en ligne de mire que tout l´argent qui tombe dans leurs caisses émane du Trésor public d´une manière directe ou indirecte.