L'Expression

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L’Algérien rêve de croquer la vie à pleines dents !

Il n'y a pas d'Algérie sans l'amazighité; âme, bravoure, langue, culture et joie.
Chaque nation a son propre calendrier, qu'il soit agricole, religieux, mythique ou militaire. Et nous, nous avons le nôtre et un grand hommage à Ammar Negadi (1943-2008) le créateur du calendrier amazigh.
Comme dans les rivalités loyales entre les langues, les calendriers eux aussi vivent une concurrence. Un calendrier domine les autres, tout simplement parce qu'il a réussi politiquement, religieusement et peut-être économiquement.
Ainsi, le dominant devient la référence mondiale, à l'image du calendrier grégorien adopté par tous les pays du monde, de temps en temps, par fierté nationale ou religieuse, quelques pays l'utilisent en le faisant suivre par leurs calendriers locaux.
Chaque calendrier a un contenu historique réel faisant référence à un évènement religieux ou militaire vérifié et approuvé. Mais ce contenu historique réel est souvent traversé par des lectures ou d'interprétations qui relèvent de la légende. Cette sacralisation du calendrier par une communauté n'est qu'une sorte de résistance ethnique, linguistique et culturelle à une hégémonie politique ou raciale menaçante et pesante.
L'Histoire des nations se fait dans une narration réaliste et une autre liée à la légende. Grâce à l'identification mythique, les nations mènent leurs combats pour survivre dans la réalité historique. Tout calendrier est une combinaison intelligente et géniale entre le mythique et l'historique.
Souvent le calendrier cache une guerre des symboles supposée entre les composantes ethniques d'un pays ou d'une nation.
Les discussions houleuses qui accompagnent la célébration du Nouvel An amazigh, non seulement en Algérie mais aussi dans tous les pays d'Afrique du Nord, est une image de ce conflit positif sous-jacent culturel et linguistique.
Il est vrai que depuis l'officialisation de la langue amazighe en Algérie, depuis que le Nouvel An amazigh est décrété jour férié, le conflit s'est apaisé ou a pris d'autres formes de débat et de combats savants entre les élites.
Parler de ce sujet n'est plus un tabou. Des séminaires et des conférences organisés à l'échelle nationale sur la culture et la langue amazighes ont grandement rapproché les élites algériennes éclairées de tout bord, les amazighophones, les arabophones et les francophones et tant mieux.
Les publications sur l'Histoire et la littérature amazighes longtemps bannies de l'Histoire officielle enseignée dans nos écoles, écrites par quelques intellectuels algériens en amazigh, en arabe et en français, ont donné à la célébration de Yennayer un goût national.
Toutes les sensibilités intellectuelles et philosophiques vives doivent participer au débat sur la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe, en toute responsabilité, loin de toute ghettoïsation et de toute folklorisation culturelle ou récupération politique.
À l'approche du Nouvel An amazigh, comme chaque année, des voix pseudo-religieuses émettent des fatwas appelant à l'interdiction de cette fête symbole de la noblesse de l'Histoire d'une nation ancestrale, de sa langue et ses allégresses.
Les élites algériennes éclairées, celles de la raison et de l'audace intellectuelle, quelles que soient leurs références philosophiques ou linguistiques doivent faire face, de toute urgence, aux marchands de la religion politique qui pêchent en eau trouble.
La célébration du Nouvel An amazigh, moment de joie purement algérienne et nord-africaine, doit être ressentie comme une forme de résistance contre la culture du pessimiste et suicidaire.
Comme beaucoup d'Algériens je me demande: pourquoi l'Algérien rêve de quitter son beau pays? Une obsession qui le hante tout au long de sa vie! Sans doute il y a une raison qui justifie cette envie de partir, de s'exiler.
On ne quitte pas un pays qui a tout ou presque; une richesse naturelle et humaine inégalée, une côte de plus de 1400 km, un des plus beaux déserts du monde, un enseignement gratuit, de la maternelle à l'université, avec toutes ses carences, un système de santé gratuit, avec toutes ses déficiences, un réseau électrique qui dessert les villages les plus reculés, un réseau de distribution de gaz de ville qui alimente des bourgs et maisons situés au milieu de nulle part, des milliers de logements construits pour les plus vulnérables et même pour la classe moyenne....
Quand j'énumère tous ces avantages, malgré tous les défauts et la corruption, et que je constate que l'Algérien n'a d'envie que de quitter son pays pour aller travailler comme un esclave sous d'autres cieux, manger une demi-bouchée et vivre dans des habitations misérables, je dis, sans aucun doute: il y a une raison à cette situation suicidaire.
Personne ne meurt de faim en Algérie!
L'Algérien émigre pour «voir la vie» dans son éclosion. Pour voir le «bonheur» des autres peuples marcher sur ses pieds!
L'Algérien ne se plaint pas de la faim, ni de l'analphabétisme, ni du chômage, il souffre de l'absence de la véritable «vie» dans son pays. L'Algérien s'ennuie dans son pays. La vie de l'Algérien est vide du vrai sens de la vie.
Vivre n'est pas survivre. La vie est l'épanouissement continu de l'être humain. L'Algérien rêve de croquer la pomme de la vie à pleines dents! La vie en Algérie est sèche, humide et monotone! L'Algérien ne vit pas, il ronge ses jours qui se ressemblent et se succèdent. Dans la vie des Algériens et des Algériennes il n'y a pas de capital de bonheur! Sonatrach n'est pas une source de bonheur pour l'Algérienne et l'Algérien, elle est une sorte de bonne vache laitière! Le bonheur comme capital de la vie individuelle se trouve dans des choses simples mais capables de changer le cours d'une nation. Parce qu'il n'y a pas de salles de cinéma avec de nouveaux grands films internationaux, pas de bibliothèques bien fournies, pas de grands concerts de musique universelle, pas d'espaces de consommations désirées par les jeunes, la vie en Algérie est triste et mélancolique. Pour rendre la vie algérienne palpitante il faut défendre la liberté individuelle, la liberté du choix, et la diversité, dans le strict respect de la loi.
La «vie» vivable et aimable ne peut se réaliser qu'avec la bonne gouvernance moderne ouverte capable de défendre les choix de tous les citoyens et citoyennes loin de tout populisme religieux ou politique.
Quand on lit les fatwas interdisant la célébration du jour de l'An amazigh, le Nouvel An chrétien, les fêtes de Noël, l'anniversaire du Prophète Mohammed SWS, el Mawlid ennabaoui echcharif... on comprend les raisons qui poussent l'Algérien à quitter son beau pays. L'Algérien n'aime pas vivre dans un paradis «fermé», ainsi, préfère-t-il aller vers un enfer ouvert celui des autres, où il se contente de regarder l'éclosion de la «vie» même s'il n'a pas les moyens d'y participer.

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