Ne ratons pas la Révolution numérique
Le «Pacte pour l'avenir», adopté par l'AG des Nations unies en septembre 2024, comprend dans son annexe 1 «le Pacte numérique mondial» qui définit les objectifs, les principes, les engagements et les principes que les gouvernements entendent mettre en oeuvre pour une réalisation plus rapide des objectifs de développement durable. Les objectifs convenus sont: de réduire toutes les fractures numériques et avancer plus rapidement dans la mise en oeuvre des objectifs de développement durable; de rendre l'économie numérique plus inclusive et faire profiter toutes et tous de ses avantages; de favoriser un espace numérique inclusif, ouvert, sûr et sécurisé qui respecte, protège et promeut les droits humains; de promouvoir des modèles de gouvernance des données qui soient responsables, équitables et interopérables; de renforcer la gouvernance internationale de l'intelligence artificielle pour le bien de l'humanité; de développer une coopération internationale dans le domaine numérique, basée sur le droit international, notamment la Charte des Nations unies, le droit international des droits de l'homme et le Programme de développement durable à l'horizon 2030. Les États, le secteur privé, la société civile, les milieux technologiques et universitaires et les organisations internationales et régionales, chacun dans son rôle et ses missions, sont considérés comme indispensables à l'avènement d'un avenir numérique inclusif, ouvert, sûr et sécurisé. Cette révolution numérique est déclenchée par l'avènement des Nouvelles Technologies de l'information et de la communication (Ntic) qui bouleversent le quotidien des entreprises et des particuliers. Il n'existe pas de définition universelle, mais le terme Ntic est généralement employé pour désigner tous les appareils, notamment les PC, téléphones et tablettes connectés à Internet, on compte aussi les technologies plus anciennes comme la radio et la télévision.
En outre, les nouvelles technologies émergentes comme l'Intelligence artificielle (IA) ou la robotique sont aussi considérées comme des Ntic. L'Algérie a réalisé de grandes avancées dans le développement des Ntic, notamment le déploiement de 265 000 kilomètres de fibre optique pour l'Internet haut débit et, dans le domaine de la téléphonie, la couverture totale en 4G de 1 400 sites, desservant des villages et des zones enclavées. Le secteur prévoit la mise en place de 7 000 nouvelles stations 4G afin d'assurer une couverture nationale en 2025, et augmenter les débits. La prochaine étape est le lancement des réseaux mobiles de cinquième génération (5G). Ce projet s'inscrit dans une vision globale de transformation numérique et d'accélération du développement économique et industriel du pays. L'introduction de la 5G devrait permettre une connexion plus rapide et plus stable, ouvrant la voie à une modernisation accrue des infrastructures numériques. Ce projet vise également à renforcer la souveraineté numérique du pays, en offrant des services sécurisés et innovants aux citoyens et aux entreprises. En matière de gouvernance, la numérisation est engagée au sein de tous les secteurs d'activité: la défense nationale pour assurer la cybersécurité et se préparer à la guerre hybride, les administrations publiques, notamment celles des finances et monnaies, des impôts et des douanes ainsi que les entreprises économiques. Le processus se poursuit impulsé au plus haut niveau de l'État, en pressant le gouvernement de clarifier et de définir les priorités dans le processus de numérisation, en mettant l'accent sur les intérêts à dimension économique et financière, les biens fonciers publics et privés, comme objectifs stratégiques relevant de la souveraineté nationale. La mise en oeuvre de ce programme a permis de passer à une étape significative, à travers la réalisation d'un mégaprojet le «Data-Center», un centre national de prestation numérique par le Haut-Commissariat à la numérisation, en collaboration avec le consortium chinois de renom Huawei, localisé à Mohammedia (wilaya d'Alger). Ceci sera renforcé par la construction d'un centre de calcul haute performance dédié à l'IA à Oran, doté d'une puissance de calcul avancée, équipé de GPU de dernière génération, permettant aux chercheurs, start-up et entreprises algériennes d'accéder à des capacités de calcul intensif pour le développement d'applications IA, notamment dans les domaines de la santé, de l'industrie, de la cybersécurité et des smart cities (villes intelligentes). C'est une étape décisive pour la modernisation de l'économie et la souveraineté numérique nationale, ainsi que pour l'instauration d'une véritable gouvernance numérique qui garantira une gestion démocratique et transparente des affaires de l'État. Les objectifs que le pays s'est tracés dans le domaine de la transition numérique et notamment de l'IA sont très ambitieux, en se fixant un objectif de 7% au PIB du pays d'ici 2027. Dans ce cadre, l'Algérie a mis en place une Commission nationale d'intelligence artificielle avec une stratégie numérique pour la création d'incubateurs sur tout le territoire national, et a créé un fonds d'investissement dédié aux start-up spécialisées dans l'intelligence artificielle, la cybersécurité et la robotique, destiné à encourager les petits porteurs de projets innovants et à contribuer à atteindre l'objectif de 20 000 start-up. C'est surtout dans le domaine de l'enseignement et de la formation que l'Algérie a consenti de grands efforts ces dernières années avec, notamment, le lancement de trois grandes écoles spécialisées dans l'intelligence artificielle, la robotique et les mathématiques et la création de centres de formation «Scale Centers» visant à dispenser une formation gratuite aux jeunes dans le domaine de l'intelligence artificielle, la cybersécurité et le «cloud computing». La stratégie de l'IA ainsi mise en oeuvre traduit le fort engagement de l'Algérie de ne pas rater la révolution numérique de ce XXIe siècle, qui va transformer tous les secteurs d'activité, civils et militaires, dans le sens d'une plus grande efficacité, disqualifiant les pays qui ont pris du retard dans ce domaine. Il est impératif de ne pas se laisser distancer dans cette compétition internationale pour acquérir et maîtriser les innovations technologiques qui améliorent chaque jour les performances de l'IA. De nouvelles applications rendent obsolètes les précédentes, raison supplémentaire de moderniser sans cesse les infrastructures numériques, de disposer d'une connectivité Internet fiable et d'investir fortement dans les talents locaux pour que l'Algérie puisse continuer à progresser économiquement et renforcer sa compétitivité pour préserver son indépendance et sa souveraineté.