FRANCE-IRAK-USA
Bernard Kouchner fait des vagues
Le chef de la diplomatie française, n’en finit pas de faire des siennes se mettant à dos les autorités irakiennes.
Alors que d´aucuns n´ont pas compris la visite controversée du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en Irak, quelques jours après une rencontre aux Etats-Unis entre les présidents américain, George W.Bush et français, Niscolas Sarkozy, voilà que M.Kouchner, retrouvant la geste du «maître», suggère aux Américains de «remplacer» l´actuel Premier ministre irakien, Nour Al-Maliki.
Evidemment, Bernard Kouchner estime être du bon côté de la barricade et qu´il est de son droit, sans doute de son devoir, de s´immiscer dans les affaires internes d´Etat souverain, même si, pour le moment, la souveraineté de l´Irak est toute formelle. Il n´en reste pas moins que le chef de la diplomatie française, en l´occurrence, a fait là une boulette qui a soulevé l´ire du premier concerné, Nour Al-Maliki, qui a exigé, et obtenu, des excuses officielles de Paris.
C´est un entretien accordé le 24 août à l´édition en ligne de l´hebdomadaire américain Newsweek. qui a mis le feu aux poudres. M.Kouchner a ainsi affirmé que «beaucoup de gens pensent que le Premier ministre devrait être changé. Mais je ne sais pas si cela va se produire, parce qu´il semble que le président (américain, George W.Bush) est attaché à M.Maliki. Mais le gouvernement ne fonctionne pas», a estimé le ministre français des Affaires étrangères.
Interrogé sur l´existence d´un «fort sentiment» en Irak en faveur d´un départ de M.Maliki, MKouchner en (ra)joute: «Oui. Je viens d´avoir (la secrétaire d´Etat) Condoleezza (Rice) au téléphone il y a dix ou quinze minutes et je lui ai dit: ´´écoutez, il doit être remplacé´´». Rien que ça! Qui autorise M.Kouchner, ministre français à demander à son collègue américain de «remplacer» un Premier ministre étranger ne relevant des prérogatives ni de l´un ni de l´autre? Arrogant, Bernard Kouchner, estime donc être dans son rôle de décider de qui doit être qualifié pour gouverner en Irak. N´est-ce pas le même qui, voici quelques années, demandait l´intervention étrangère en Algérie.
Décidément, M.Kouchner n´arrive pas à se faire une image d´homme politique et sa véritable nature resurgit au détour de déclarations intempestives. Certes, M.Maliki n´est pas spécialement sympathique eu égard à la situation catastrophique vécue par l´Irak, mais il n´appartenait certainement pas au ministre français des Affaires étrangères de réclamer son remplacement. D´autant plus que M.Kouchner en rajoute en estimant qu´après «6000 ans de violences», «le nombre de morts au quotidien à Baghdad ou dans le pays n´intéresse pas beaucoup (les Irakiens). Si vous ne comprenez pas ça, vous ne comprenez rien, c´est une des erreurs que les Américains ont commises». Evidement, M.Kouchner, lui, a tout compris et il a même vu un pays à feu et à sang depuis «six mille ans». Un porte-parole des Affaires étrangères françaises, Hugues Moret, a bien tenté de rattraper la bourde de son patron (mais n´était-il pas déjà trop tard?) a déclaré: «Pour ce qui est des propos qui sont prêtés à M.Kouchner, il s´agissait de références aux débats en cours, notamment ceux dont il a été le témoin lors de sa visite en Irak».
Cette précision française vient après la déclaration d´un Nouri Al-Maliki outré qui a indiqué, dimanche, à la presse «Récemment, nous avons reçu le ministre français. Nous étions heureux de sa venue et nous étions optimistes sur le fait que cette visite marque le début d´une nouvelle relation».
«D´un coup, nous avons été surpris que le ministre fasse une déclaration qui, en aucune manière, ne peut être qualifiée de diplomatie, quand il a appelé au remplacement du gouvernement irakien», a ajouté un Maliki indigné. Ce dernier, exigeant des excuses, a déclaré, en outre «Par le passé, vous avez soutenu l´ancien régime (de Saddam Hussein). Aujourd´hui, nous étions satisfaits et c´est le moment que vous choisissez pour apporter votre soutien aux partisans de l´ancien régime. Nous exigeons des excuses du gouvernement français» a insisté le Premier ministre irakien. Bernard Kouchner qui a fini par reconnaître sa bourde s´est s´excusé hier pour avoir demandé le remplacement du Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, alors que sa visite en Irak devait ouvrir de nouvelles relations entre Paris et Baghdad. «Si le Premier ministre (irakien) veut que je m´excuse pour avoir interféré dans les affaires irakiennes de façon aussi directe je le fais volontiers», a déclaré M.Kouchner, qui s´est dit «désolé». Cet «amateurisme» du chef de la diplomatie française n´en est pas un, en fait, quand M.Kouchner qui se situe dans la ligne des néo-conservateurs américains, avec lesquels - de même que le président français, Nicolas Sarkozy, d´ailleurs - il partage le concept, à la limite du fascisme, selon lequel il leur revient de diriger, voire de «guider» le monde, pensait bien ce qu´il a dit. Ce que déjà, il proférait dans les années 90 à l´adresse de l´Algérie. Peut-on changer lorsque l´on estime être supérieur aux autres et notamment à ces peuples de l´hémisphère Sud, serviables et corvéables à merci selon la bonne logique des Dupont Lajoie français, notamment?